Nous publions ci-dessous les deuxième et troisième parties du texte de Michel Raptis (Pablo) : « la commune de Paris et l’idée du dépérissement de l’Etat et l’expérience de la révolution russe ». La première l’ayant été dans le n°70 d’utopie-critique (Mai 2016). La dernière partie le sera dans un prochain numéro.

 

2 - LA COMMUNE DE PARIS ET L’IDEE DU DEPERISSEMENT DE l’ETAT.

La deuxième grande expérience à retentissement international de démocratie directe fut au XIXème siècle la Commune de Paris. C'est encore Karl Marx qui a donné la meilleure description de ce régime, éclairant ses aspects fondamentaux et soulignant leur valeur exemplaire. On connait ce qu'il a écrit à ce propos dans La guerre civile en France.

« La Commune fut composée de conseillers municipaux élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville, responsables et révocables à court terme. La majorité de ses membres étaient naturellement des ouvriers ou des représentants connus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organe parlementaire mais un organisme de travail exécutif et législatif à la fois. La police, jusqu'alors instrument du gouvernement central, fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un agent de la Commune, responsable et, à tout moment, révocable. Il en-fut de même des fonctionnaires de toutes les autres branches de l'administration. Depuis les membres de la Commune jusqu'en bas, ce service public devait être assuré par des salaires d'ouvriers.

Les privilèges d'usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l'Etat disparurent avec les dignitaires eux-mêmes. Les fonctions publiques cessèrent d'être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l'administration municipale, mais toute l'initiative jusqu'alors exercée par l'Etat fut déposée entre les mains de la Commune. Les fonctions peu nombreuses mais importantes, qui restaient encore à un gouvernement central, ne devraient pas être supprimées, comme on a intentionnellement voulu le faire croire, mais devaient être remplies par des agents communaux strictement responsables. L'unité de la nation ne devait pas être brisée, mais au contraire, elle devait être organisée par la constitution communale et devait devenir une réalité pour la destruction du pouvoir d'Etat, qui prétendait être l'incarnation de cette unité et restait indépendant de la nation et supérieur à elle, alors qu'il n'en était qu'une excroissance parasitaire.

Tandis que les organes purement répressifs, de l’ancien pouvoir devraient être amputés, ses fonctions légitimes seraient rattachées à une autorité qui usurpait une prééminence au-dessus de la société elle-même et rendues aux agents responsables de la société. D'autre part, rien ne pouvait être plus étranger à l'esprit de la Commune que de remplacer le suffrage universel par des investitures hiérarchiques.

La Commune a fait de ce mot d'ordre des révolutions bourgeoises, le « gouvernement à bon marché », une réalité, en détruisant ces deux grandes sources de dépenses, l'armée permanente et le fonctionnarisme d'Etat. Mais ni le gouvernement à bon marché, ni la « vraie république » n'étaient son but dernier ; ils n'étaient que ses corollaires. C'était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le produit de la lutte des classes des producteurs contre la classe des accapareurs, la forme politique enfin découverte sous laquelle on pouvait réaliser l'émancipation économique du travail. Sans cette dernière condition, la constitution communale eût été une impossibilité et un leurre. La domination politique du producteur ne peut coexister avec la prolongation de son esclavage social. La Commune devait donc servir de levier pour détruire les fondements économiques sur lesquels repose l'existence des classes, et donc la domination de classe. Une fois le travail émancipé, tout homme devient un travailleur et le travail productif cesse d'être un attribut de classe. »

La Commune n'était pas seulement un système de pleine démocratie pour ses citoyens, mais également un système qui prévoyait des mesures radicales contre sa bureaucratisation, un système décentralisé, déhiérarchisé, mais sans nuire pour autant - comme le note Karl Marx – à « l'unité nationale », qui, au contraire devait surgir de « la destruction du pouvoir de l'Etat ».

Frédéric Engels, dans sa préface de 1891 de ce même ouvrage de K. Marx, insistait également sur les précautions prises par la Commune « contre ses propres délégués et fonctionnaires, en les déclarant sans exception aucune, révocables à tout moment ». Il ajoutera :

« Pour éviter cette transformation de l'Etat et de ses organismes de serviteurs de la société en maîtres de la société - transformation inéluctable jusque-là, dans tous les Etats - la Commune usa de deux moyens infaillibles. D'abord, elle fit occuper tous les postes dans l'administration, la justice et l'enseignement par voie d'élection au suffrage universel, avec le droit pour les électeurs de rappeler leurs élus à tout moment. En second lieu, elle ne rétribua les fonctionnaires supérieurs comme subalternes que par un salaire égal à celui que recevaient les autres ouvriers. »

La Commune de Paris, forme de démocratie directe, dans une société plus compliquée, plus nombreuse également que celle d'Athènes, est vue par Karl Marx comme la clé du passage du capitalisme au socialisme pour parvenir au communisme. Elle a servi comme expérience pratique grâce à laquelle il fut possible de compléter la théorie de la démocratie directe dans les conditions historiques des temps modernes, en abordant concrètement les rapports entre le pouvoir politique, l'Etat et la démocratie directe.

Karl Marx a envisagé la Commune dans son triple aspect dialectique : comme la démocratie la plus ample pour les travailleurs, comme la forme politique transitoire de leur pouvoir, forme cependant qui se confond d'emblée avec le dépérissement immédiatement commencé de ce dernier, « supprimant aussi vite que possible les pires côtés de l’Etat. »Notes de Karl Marx sur l'Etat et l'anarchie de Bakounine

Certes, l'Etat, même provisoire, même le plus démocratique, est un mal dont hérite obligatoirement le prolétariat victorieux dans « la lutte pour sa domination de classe », jusqu'au jour où une génération, élevée dans une société nouvelle d'hommes libres, pourra se débarrasser de tout le « fatras qu'est l'Etat »Frédéric Engels, dans la préface de la Guerre civile en France.

Entre l’Athènes du Vème et IVème siècle avant notre ère, et la Commune de Paris, l'Etat a connu un développement considérable, et a posé dans des termes autrement plus complexes la question capitale de son incompatibilité avec l'exercice de la démocratie directe. C'est, après tout, les fondateurs du marxisme qui, en partant de l'expérience de la Commune, élaborent la théorie de la démocratie directe moderne, en insistant sur la notion capitale du dépérissement de l'Etat.

Ce qui est propre à K. Marx (et à Engels également) n'est pas la trouvaille de « l'Etat de la dictature du prolétariat », en tant qu'Etat du « prolétariat victorieux », mais son caractère spécifique en tant qu'Etat qui dépérit et qui, dès qu'il devient « effectivement le représentant de toute la société, il se rend lui-même superflu », s'éteint complètement.

Par quels moyens on assistera à tel processus ? Par l'introduction immédiate de la démocratie directe, comme l'a fait la Commune, son exercice amplifié étant à la fois le commencement du dépérissement effectif de l'Etat et la garantie de son abolition complète. Il serait donc erroné d'insister simplement sur l'étatisation des moyens de production, sans insister simultanément sur les structures, les rapports sociaux, permettant dès le début l'exercice sans cesse amplifié de la démocratie directe, conduisant à l'abolition de l'Etat.

L'existence de l'Etat seul est incompatible avec la démocratie directe et son développement orienté vers ce que Frédéric Engels appelait simple « administration des choses et direction des opérations de production » remplaçant « le gouvernement des personnes. » C'est donc au marxisme de ses fondateurs que nous devons le développement de la théorie moderne de la démocratie directe, en établissant son incompatibilité avec l'existence d'un pouvoir politique qui ne commence immédiatement à dépérir que pour s'éteindre à la longue complètement.

La Commune a soulevé la question nouvelle de l'Etat par rapport à la démocratie directe, la question du pouvoir politique centralisé par rapport à celui de la « société civile » des citoyens.

Les fondateurs du marxisme avaient conclu à la fois sur la nécessité d'un pouvoir politique transitoire et sur celle d'entamer immédiatement son dépérissement, grâce, précisément, à la transformation des rapports économiques et sociaux propres au mode de production capitaliste.

La manifestation d'un tel réel changement devait être le fonctionnement de la démocratie directe qui à la fois reflèterait et déterminerait le dépérissement du pouvoir politique de l'Etat. Dans l'expérience de la Commune, brève certes et limitée, mais non moins exemplaire et significative, l'Etat et la démocratie directe s'imbriquent dans une structure sociale unique qui déclenche la dynamique du dépérissement du premier au profit grandissant de la seconde, jusqu'à englober dans cette dernière l'ensemble des citoyens de la société.

Les fondateurs du marxisme croyaient qu'ils avaient ainsi enfin trouvé la forme sociale assurant un tel processus.  D'où l'importance capitale qu'ils ont accordés non seulement à l'expérience pratique de la Commune, mais aux développements théoriques que cette expérience permettait, imposait.

On peut multiplier à l'infini les efforts de donner telle ou telle explication à la pensée des fondateurs du marxisme, concernant l'idée exacte qu'ils avaient de la formule de la « dictature du prolétariat » et des termes de la démocratie, du socialisme. Quiconque parcourt objectivement leur oeuvre dans son évolution inévitable, dans son approfondissement, ne trouve aucune coupure « épistémologique » ou autre dans la recherche patiente, passionnée, du dépérissement de l'Etat, à la fois résultat et condition fondamentale, d'après eux, de la démocratie directe élargie à tous les travailleurs et progressivement amplifiée à tous les citoyens.

Et telle fut également la conception qu'avaient les marxistes, fidèles à la véritable pensée de Marx et de Engels, jusqu'aux débuts de la Révolution Russe. L'Etat et la Révolution de Lénine en est la preuve.

 

3- L'EXPERIENCE DE LA REVOLUTION RUSSE

Entre octobre 1917 et environ fin du printemps 1918, se réalise en Russie une expérience de démocratie directe sur une échelle infiniment plus vaste que celle de la démocratie athénienne ou de la Commune de Paris. Son importance internationale, du point de vue pratique et théorique, reste toujours immense.

C'est l'expérience des « Conseils » (des « Soviets ») et des « Comités » de toutes sortes, qui surgissaient spontanément sur le vaste territoire du pays. Partout proliféraient de tels organismes à caractère nettement « autogestionnaire ». Comités d'usines et de quartiers comités de soldats, de cosaques, de matelots. Les « conseils » (les « soviets ») apparaissaient également partout parce que « toute fraction de la population qui se considérait comme défavorisée se constituait en soviet indépendant. »

De manière générale, « chaque communauté, chaque groupe, chaque minorité, avait tendance à se constituer en organe autonome et à négocier d'égal à égal avec le gouvernement et les autres institutions révolutionnaires ». C'est à travers ces organes que les masses réalisent la révolution et l'imposent aussi bien aux partis qu'au gouvernement. Les mesures de la réforme agraire, des nationalisations, du « contrôle Ouvrier » sur la production, les tribunaux populaires, etc. sont des créations spontanées des masses avant qu'elles ne s'institutionnalisent par le gouvernement.

Par lui-même, le peuple se lance dans la plus vaste entreprise de démocratie directe, de pouvoir directe, jamais réalisée jusqu'ici sur une telle échelle, C'est cette ambiance qui influence Lénine et les idées à accent carrément libertaire que nombre d'historiens de toutes tendances lui reconnaissent, aussi bien dans ses discours et ouvrages de l'époque. En réalité, Lénine, jusqu'à cette date, a voulu rester avant tout fidèle à la pensée de Marx et Engels concernant 1a démocratie, l'Etat, le socialisme, et à l'exemple pratique de la Commune de Paris.

Les subtiles divergences que certains découvrent entre lui et les fondateurs du marxisme sur ces questions, sont, certes, inévitables, portent parfois sur des nuances, mais il est peu sérieux de fonder sur elles une pensée, une orientation essentiellement différente entre eux. On peut taxer a posteriori de simpliste, « utopienne » même, la conception que développe Lénine sur le rôle de l'Etat et la façon de l'administrer durant la période de transition du capitalisme au socialisme, dans son ouvrage l'Etat et la Révolution, mais on ne saurait nier son attachement profond à l'idée essentielle du marxisme, du dépérissement de l'Etat à travers l'amplification de la démocratie directe.

Peut-on oublier qu'avant déjà cet ouvrage, en 1916, Lénine considérait que même la démocratie la plus large reste une « forme d'Etat », basée sur la soumission de la minorité à la majorité, et que le but ultime n'est pas à perpétuer la démocratie, donc l'Etat, mais la faire elle aussi disparaître « quand l'Etat disparaitra lui-même ... lors du passage du socialisme définitivement victorieux et affermi, au communisme intégral » ?

La vraie dialectique selon Lénine n'est pas l'opposition de la démocratie à l'Etat, mais celle qui, à travers l'amplification de la démocratie socialiste, de la démocratie directe, fait disparaître complètement l'Etat, et donc la démocratie également, synonyme de l'Etat d'une majorité.

L'application de la démocratie réelle, de la démocratie directe, est conçue par Lénine comme le moyen pour introduire le dépérissement de l'Etat, de déclencher le dynamisme qui conduirait à son extinction complète.

Nous trouvons cette idée maintenue par Lénine dans ses fameuse « Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne », adoptées par le premier congrès de l'Internationale communiste (mars 1919) et formulée ainsi :

« L’anéantissement du pouvoir gouvernemental est le but que se sont proposés tous les socialistes, Marx le premier. Sans réalisation de ce but, la vraie démocratie, c'est-à-dire l'égalité et la liberté, est irréalisable. Or, le seul moyen pratique d'y arriver est la démocratie soviétique ou prolétarienne puisque, appelant les organisations des masses laborieuses à prendre une part réelle et obligatoire au gouvernement, elle commence dès maintenant à préparer le dépérissement complet de tout gouvernement ».

Durant cette phase ascendante de la révolution russe, quand les masses réalisent elles-mêmes la transformation radicale de la société et assument un réel pouvoir direct dans nombre d domaines, Lénine, contre la majorité de son propre parti, exalte le rôle avant-gardiste des masses par rapport à ce dernier, et leur initiative créatrice multiforme « qui est le facteur fondamental de la nouvelle société ».La plupart des citations de Lénine, proviennent de l'ouvrage de Marcel Liebman, Le léninisme sous Lénine (Paris, Seuil, 1973). Les chapitres : « Le léninisme-et la démocratie révolutionnaire » (Tome I) et « Réalités et limites de la démocratie soviétique » (Tome II) de cet ouvrage sont en réalité à citer en entier. Et ceci pour illustrer entre autres dans quel esprit profondément démocratique Lénine a écrit son ouvrage inachevé, passablement bâclé (à cause des circonstances qui l'appelaient à l'action pour la Révolution), L'Etat et la Révolution. Pour expliquer également les multiples et significatifs accents « libertaires" » qui fourmillent dans ses discours et écrits de la période allant de la veille de la Révolution d'Octobre jusqu'au printemps 1918, quand Lénine est amené à reconnaître que « les briques qui serviront à bâtir le socialisme ne sont pas encore faites », et s'amorce le tournant de Brest-Litovsk.

Le socialisme « n'est pas le résultat de décrets venus d'en haut. L'automatisme administratif et bureaucratique est étranger à son esprit : le socialisme vivant, créateur, est l'oeuvre des masses elles-mêmes. » Lénine invite les « camarades travailleurs » à se rappeler « qu'à présent c'est vous-mêmes qui dirigez l'Etat. Nul ne vous aidera si vous ne prenez pas toutes les affaires de l'Etat entre vos mains. Mettez-vous vous-mêmes à l'œuvre, à la base, sans attendre personne »

On peut multiplier ces exemples qui montrent bien qu'à cette époque, Lénine envisage la révolution comme se réalisant essentiellement par l'activité spontanée des masses et l'Etat comme se construisant sur la base des conseils et des comités, organismes autogestionnaires autonomes des masses qui s'érigent en nouvelle direction sociale de la nation. Le parti, élément coordinateur des activités dispersées des masses, s'insère dans le processus révolutionnaire comme composante intégrante de ce dernier, impulsé par les masses, à l'écoute attentive de ces dernières, afin d'être capable de formuler, dans le langage spécifique de la théorie et de la politique, ainsi que dans l'action gouvernementale, la ligne exprimant leurs réelles revendications et aspirations.

Lénine croyait sincèrement qu'en partant de l'expérience pratique des Soviets, on construirait un Etat à l'image de la Commune de Paris, pleinement démocratique pour l'écrasante majorité de la population et, de ce fait, incluant la possibilité de dépérir rapidement en cessant d'être un

Etat politique au service d'une majorité contre une minorité. Il reprend donc les idées des fondateurs du marxisme dans ce domaine, complétées, élaborées, à l'occasion de l'expérience de la Commune, sur la démocratie directe en tant que facteur qui conditionne le dépérissement de l'Etat, sans être encore en mesure de réaliser les différences essentielles entre les deux circonstances historiques.

Le Commune de Paris représente une expérience de démocratie directe circonscrite dans une ville habitée par une majorité de prolétaires, sans paysans et sans la présence d'un parti politique structuré qui centralise d'importantes fonctions étatiques.

L'expérience soviétique qui commence par le pouvoir autonome des conseils et des comités de toutes sortes, se développe à l'échelle d'un vaste pays à majorité paysanne et dans lequel agit un parti insensiblement impliqué dans la construction d'un centre étatique, accumulant des fonctions de plus en plus importantes.

La démocratie directe entre en opposition avec l'Etat centralisateur qui se renforce à son détriment.  Le dynamisme de cette nouvelle dialectique échappe à la compréhension de Lénine qui, prisonnier des circonstances nationales et internationales adverses, temporise, recule, élabore des compromis et compte sur le parti pour renverser, à temps opportun, le courant.

Il s'agit d'une situation essentiellement nouvelle par rapport à celle de la Commune de Paris qui pose, dans d'autres termes, la relation entre démocratie directe (conseils, comités) et l'Etat dans lequel se confond le parti qui l'administre. Nous n'avons pas l'intention dans cet écrit, de nous étendre sur les raisons objectives et subjectives qui expliquent le comportement pratique et théorique différent de Lénine et des bolcheviks en général (sauf quelques rares exceptions) après le printemps de 1918 et qui, a posteriori, apparaît comme la négation de l'Etat et la Révolution, et de toute l'élaboration théorique de Lénine entre 1917 et cette date.

Nous disons seulement que l'expérience de la révolution Russe à l'époque est à la fois le troisième grand moment à retentissement international de l'esquisse d'un régime de démocratie directe à la base et l'amorce de la contradiction flagrante entre celle-ci et l'existence d'un pouvoir politique centralisé, assumé par un seul parti qui gère insensiblement à travers l'Etat, la société toute entière.

A partir du moment où s'établit une telle dualité de pouvoir, il s'ensuit un processus inexorable vers l'étatisation complète de la société de transition, où l'Etat, loin de dépérir, assumant des fonctions de plus en plus envahissantes sur l'ensemble de la vie sociale, devient tout puissant, comme jamais dans toute l'histoire. Il-s'agit donc d'une évolution fondamentalement différente de celle prévue aussi bien par les fondateurs du marxisme que par Lénine qui pose un problème nouveau.