L’heure de vérité, par André Bellon*

Il est des moments où l’Histoire semble basculer. On découvre alors que tout était en suspens depuis longtemps.

Le monde qu’on nous présentait depuis des décennies comme stable et porteur de bonheur apparait aujourd’hui pour ce qu’il était, un monde de violence qui tourne le dos à la démocratie et qui méprise la justice. Après la crise économique et politique grecque, les élections italiennes (et les réactions atterrées qu’elles suscitent dans les milieux officiels) confirment que les peuples européens se trouvent devant un choix fondamental.

Ce n’est pas un hasard si la crise italienne est concomitante du retour des affrontements commerciaux et ce n’est pas en niant une fois de plus les problèmes qu’on trouvera les solutions.

En saluant le « courage » et le « grand esprit de responsabilité » de son homologue italien Sergio Mattarella, tentait de bafouer le suffrage des urnes, Emmanuel Macron a ajouté la violence à la violence.

  • Violence faite à la démocratie. Les citoyens doivent-ils continuer d’accepter des pouvoirs qui les relèguent au rang de figurants
  • Violence vis-à-vis d’un peuple qui conteste une pensée économique et monétaire, celle qui laisse à quelques milieux étriqués tout pouvoir sur le rôle et le niveau de l’euro, ignorant les graves disparités économiques et sociales qu’un tel système engendre.
  • Violence vis-à-vis de tout esprit critique, fondement même de la démocratie dont on nous rebat tellement les oreilles.

Cette prise de position, comme celle de trop nombreux hiérarques européens, était, de plus, stupide et intenable comme la constitution du gouvernement italien vient finalement de le démonter.

Depuis trop d’années, les dirigeants ont voulu nier les indices pourtant évidents des orages qui s’annonçaient. Se borner à traiter de populistes tous ceux qui contestaient les politiques menées au nom de la mondialisation ou d’une union européenne sacralisée menait d’autant plus à l’affrontement que ces mouvements étaient le produit du mépris permanent envers les citoyens. C’est au nom de la mondialisation, c’est au nom de la construction européenne que sont imposées les visions économiques du FMI ou de la Banque européenne contre les volontés exprimées par les urnes. Mépriser les votes démocratiques comme ce fut le cas après les référendums de 2005 ne pouvait qu’accélérer les frustrations alors qu’il s’agissait d’appels au débat.

C’est en fait toute une construction philosophique humaniste issue du 18ème siècle qui est attaquée depuis des décennies. Les mots n’ont plus de sens, la démocratie devient la dictature du consensus, le progrès social s’assimile à la domination des intérêts privés, le besoin d’union est le cache-sexe de la soumission au système impérial.

Le monde peut retrouver un nouvel équilibre. Les relations entre pays européens peuvent redevenir saines. Mais cette reconstruction générale ne peut se faire qu’avec les peuples concernés. Cela demande de revenir à la base même des problèmes, de recréer les débats nécessaires entre les citoyens, indispensable à tout contrat social, de réaffirmer les peuples dans leur rôle de souverains, puis de réengager le dialogue nécessaire entre les représentants de ces peuples. Le respect de la démocratie et l’esprit de justice sont les meilleurs antidotes à la montée de la violence sous toutes ses formes.

Il est encore temps. Sinon, la violence nationale et internationale apparaitra de plus en plus comme la solution.

 André Bellon, Ancien Président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale animateur de l’Association pour une Constituante.

1/06/2018

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Utopie critique a signé cet appel pour la défense du secteur public :

Appel à la constitution, partout en France,
de « comités citoyens en défense du Bien commun »

« Nous, citoyennes et citoyens de la République française, nous nous opposons à la politique menée par des gouvernements successifs, qui nous représentent de moins en moins.

Nous nous opposons à la vente à la découpe de notre beau pays. À ce tour de passe-passe qui voit nos actifs (autoroutes, aéroports, loterie nationale, RATP, téléphonie, énergie…) changer de main au profit des nantis.

Nous nous opposons au démantèlement de nos services publics au prétexte de leur mise en concurrence. Une concurrence qui pousse vers le bas les savoir-faire, les salaires, les statuts des travailleurs, sans même garantir la baisse des prix, bien au contraire.

Il suffit ! L’irresponsabilité et la corruption ne peuvent se parer de vertus qu’elles n’ont pas.

De tels comités en défense du Bien commun ont pour objectif de sensibiliser la population française et la faire entrer dans l’action.

Que l’on soit de droite, de gauche ou d’ailleurs, chacune et chacun y a sa place.

Que partout en France de tels comités de salut public se mettent en place et constituent le lieu de rencontre, de sensibilisation, d’action par lequel le peuple français va recouvrer sa dignité et sa souveraineté.

Ces comités n'auront nul besoin de logo partisan autre que le sien propre.

Il est temps, grand temps que les tempéraments se lèvent pour rappeler que “la liberté, l’égalité, la fraternité” sont des conquêtes de tous les instants !

Citoyennes, citoyens, rejoignez-nous. »

Cette pétition ne bénéficie du soutien d'aucune structure. Nous espérons que chacun.e, là où il.elle se trouve (partis, syndicats, associations…), aura à cœur de l'appuyer pour qu'elle atteigne un seuil de soutiens lui permettant de se développer de manière exponentielle… À relayer donc sur les réseaux sociaux, auprès de vos contacts multiples et variés.

Mai 2018

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