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Catégorie : Bibliothèque

Le socialisme néomoderne, ou l'avenir de la liberté

Jacques Généreux

édition du Seuil, mars 2009

Jacques Généreux reprenant le travail commencé dans son précédent livre La Dissociété (éd. du Seuil, collection Points, 2006), prétendproposer à partir de la poursuite de sa critique de l'hégémonie du néolibéralisme et du collectivisme productiviste, un projet socialiste moderne reposant sur « une refondation scientifique s'appuyant sur une anthropologie générale de l'être humain » !

Beaucoup de spectres hantent cet ouvrage (qui est, par ailleurs, émaillé par un ensemble de contradictions qui en rendent la lectureparfois incompréhensible). Tout d'abord celui de Marx,car il s'agit avant tout de contourner et de neutraliser le marxisme et le léninisme responsables in fine « des crimes » commisdans la première moitié du XXe siècle: « La science marxiste de l'Histoire adonné des dizaines de millions demorts auxquels il faut rajouter les millions de victimes du nazisme. » En reprenant ces thèmes et en confondant le marxisme et le léniniste avec le stalinisme et le nazisme, on voit tout de suite d'où vient son inspiration, de cette formule qui a fait florès « le goulag était en, Marx ». En fait, Marx ne serait qu'un avatar inutile de l'Histoire. J. Généreux affirme que « le progrès matériel engendrés par le capitalisme et lesprogrès politiques et sociaux autorisés par le droit bourgeois annonçaient davantage l'intégration future dela classe ouvrière que la révolution prolétarienne ». Effectivement,il est arrivé parfois dans l'Histoire que le « droit bourgeois » cèdequelques miettes, touché par uneculpabilité chrétienne, maisglobalement la classe ouvrière lui a « arraché » l'amélioration de ses conditionsessentiellement par la lutte et souvent au risque de sa vie. Quant au débat autour de « l'intégration de la classe ouvrière », c'est une vieille lune lancée par les « maos spont' » en 1968 et développé par André Gorz dans Adieu au prolétariat (1980, éd. du Seuil). Il n'y a qu'à porter ses yeux autour de soi pour voir comment cetteclasse ouvrière est intégrée. Elle n'apas d'existence médiatique, parexemple, sauf lorsqu'il y a desoccupations d'usines, des séquestrationsde patrons et qu'elle peut devenirdangereuse. Il faut voir quel est leniveau du salaire de base, et dusalaire moyen, ramenés au niveau du coût réel de la vie. Comment elle est considérée, lorsque les directions d'entreprise restructurentou délocalisent. Et s'il lui arrive deposséder quelques biens matériels ouun logement, c'est essentiellementen prenant le risque du crédit, etvoir son dossier atterrir sur lebureau de la commission de surendettement, ou pire, perdre son logement (crise des subprims).

Suite dans Utopie Critique N°51