Guillermo Almeyra est membre du conseil éditorial de Sinpermiso. Ceci est un article paru dans le quotidien mexicain La Jornada du 4 novembre 2009.

La révolution chinoise de 1911-1912, dirigée par Sun Yat-sen, a détruit l'empire manchou et installé la république. Elle fut une révolution démocratique, décolonisatrice et modernisatrice, tout comme les révolutions perse ou mexicaine, de la même époque. Mais bien qu'elle ait mis en mouvement la société, elle n'a pu effectuer aucune de ses tâches démocratico-sociales : se libérer de l'impérialisme, réaliser la révolution agricole ou la liquidation du pouvoir des seigneurs locaux. Après la révolution russe de 1917, le stalinisme a soumis l'Internationale communiste et obligé le Parti communiste chinois à s'intégrer dans le parti nationaliste - le Kouo-Min-Tang - dirigé par le général Chiang Kai-shek, affilié à la IIIe Internationale, alors que ce gouvernement était de manière affirmée corrompu et répressif. Durant la seconde révolution chinoise (1925-1927), les travailleurs de Shanghai et Canton se sont levés en armes, poussés à l'aventure par la nécessité pour Staline de couvrir ainsi sa capitulation précédente face à la bourgeoisie nationale chinoise. La terrible répression qui s'en est suivie a balayé de la scène politique le petit prolétariat chinois et l'opposition de gauche, très forte parmi les cadres de l'Internationale et du mouvement syndical. C'est ainsi que Chen Duh-siu, fondateur et premier secrétaire général du P.C. chinois, membre de l'Opposition de Gauche internationale, est mort dans les prisons du Kouo-Min-Tang avec beaucoup de ses compagnons. 

 

Les restes du Parti communiste, dirigé par Mao Zedong, un militant de second ordre, se sont réfugiés dans les zones campagnardes les plus éloignées et, de là, ont entamé une guerre, d'abord contre Chiang Kai-shek puis ensuite contre les envahisseurs japonais, lutte héroïque qui leur a permis de construire une grande armée de paysans.

Une guerre qui fut aussi une révolution agricole, contrôlée par un parti dont les cadres étaient d'origine urbaine et qui désobéissaient aux ordres de Staline, exigeant qu'ils forment un cabinet d'union nationale entre le P.C. et le Kouo-Min-Tang. Ce Parti-Armée - à base rurale et à l'idéologie stalinienne, de structure verticale et bureaucratique - a conduit une révolution sans les travailleurs mais au nom d'objectifs ouvriers, comme le socialisme.

Dirigée avec une main de fer par une bureaucratie omnipotente, la Chine a réalisé une réforme agricole profonde et pris le chemin d'une croissance industrielle rapide. Mais elle a perdu, dès les premières phases, ses objectifs égalitaires pour en arriver au parti et au gouvernement actuels qui admettent des millionnaires en leur sein et pensent seulement en termes technocratiques et bureaucratiques.

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