L'année 2008 se présente sous les auspices de la crise financière s'élargissant, si rien n'est fait, aux dimensions d'une crise économique profonde. Jacques Attali s'est même fendu d'une déclaration alarmiste sur le thème « la crise de 1929 est à nos portes »... Immédiatement, Christine Lagarde, l'inénarrable avocate d'affaires se prenant pour le ministre de l'économie et des finances français l'a contredit. Sans argument. Comme c'est la mode dans le royaume de Sarkozy, il suffit de dire pour que cela soit. En fait, Attali a voulu volontairement faire peur pour inciter les gouvernements à réagir. Peut-être a-t-il été entendu? Le G7-8 a finalement mis à son ordre du jour de sa réunion de février cette crise financière. Ce n'est pas trop tôt... Jusqu'ici, seules les banques centrales sont intervenues pour éviter les enchaînements récessionistes, du style justement de 1929, c'est-à-dire la faillite des banques. La Northern Rock britannique a été sauvée in extremis par la Banque d'Angleterre qui lui a fourni les liquidités nécessaires pour lui éviter le dépôt de bilan. Elle est quasiment nationalisée. Les bonnes habitudes ne se perdent pas. Les pertes sont toujours socialisées. Même par des gouvernements ou des chefs d'entreprise qui, par ailleurs, se réclament du libéralisme économique.

Jean-Claude Trichet, sur cette lancée, s'est vu décerner par le Financial Times le titre envié « d'homme de l'année ». Pour sa remarquable intervention limitant les effets à court terme de la crise financière qui s'est déclenchée au début du mois d'août 2007. Sans doute parce qu'il n'a pas respecté les préceptes du libéralisme... La théorie libérale commande en effet de ne pas intervenir sur les marchés, de laisser faire la crise pour faire le ménage. Dans ce cas, la dépression menaçait avec tout son cortège de suppressions d'emploi et de perte de substance du capitalisme national. Un risque top important.

Les banques centrales - la BCE et la Fed, la banque de réserve fédérale américaine surtout, la Banque d'Angleterre et celle du japon dans une moindre mesure - ont massivement ouvert les vannes du crédit, en injectant des crédits - de la monnaie - dans le circuit économique et bancaire. Pour éviter le « credit crunch », la crise du crédit. Les banques étaient dans l'incapacité de se refinancer, d'emprunter les liquidités dont elles ont besoin au jour le jour. Le crédit interbancaire s'est tari, les banques ne se font plus confiance réciproquement et ne se prêtent donc plus d'argent. La conséquence, la faillite inéluctable des grandes banques. Américaines d'abord, mais aussi françaises, allemandes, japonaises... Toutes ces banques ont quelque chose à voir avec le crédit hypothécaire et les « subprimes »... En France, les grandes banques ont multiplié les déclarations apaisantes prétendant qu'elles étaient peu engagées sur ce marché. Néanmoins, tous les jours apportent son lot de révélation. La crise devient prégnante. Même si les journaux en parlent peu, sauf dans les pages financières. Pourtant, dès le mois d'août 2007, BCE et Fed ont injecté des capitaux. Fin novembre, puis encore en décembre, toutes les banques centrales des grands pays développés sont intervenues en commun pour alimenter les marchés monétaires et financiers, les banques en capitaux, en créant de la monnaie donc en alimentant l'inflation.

Les déclarations de Sarkozy sur les 3 % de croissance - « je veux 3 % » - sont désormais remisées au musée des accessoires. Même les 2,25 %, prévues par le gouvernement « calant » le budget pour 2008, semblent bien lointaines.

Désormais c'est la récession qui menace. Tous les indicateurs se sont mis à clignoter. En particulier le moral des ménages est au plus bas. Or, dans les moteurs de la croissance, seule la consommation des ménages était encore en état de marche, en France comme aux États-Unis ou en Allemagne. S'il fait défaut, aucun autre ne viendra prendre sa place. L'investissement productif ne repart pas faute d'augmentation du marché final... Et les profits s'évadent du côté de la sphère financière, rapportant davantage et à court terme. L'or retrouve sa fonction de valeur refuge et grimpe.

Les autres cours des matières premières suivent. Les spéculateurs s'orientent vers ces marchés pour continuer leurs opérations... Cette spéculation explique une grande partie de la hausse actuelle. La pénurie ne menace pas, contrairement à une idée répandue. Au moins pour le court terme. Ni pour le pétrole, ni pour aucune autre matière première ! En revanche, les grandes compagnies pétrolières en profitent pour augmenter leur prix de vente, réalisant ainsi des surprofits.

Pour comprendre cette crise, revenons sur sa genèse.

 

Suite dans notre revue Utopie Critique N°43