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Catégorie : Actualités

Utopie critique : nous republions ci-dessous des extraits de deux articles, qui restent d’actualité, sur la politique des Usa envers l’Iran et la possibilité d’une guerre nucléaire qui semble réapparaître aujourd’hui avec la menace d’une escalade guerrière entre les Usa et l’Iran.

 

 

 

Halte aux menaces Us de bombardements nucléaires de l’Iran (*)

Par Dimitris Konstantakopoulos et Gilbert Marquis.

« C’est dans le spectre d’un conflit mondial, d’une nature particulière, « atypique », « non symétrique » et « non conventionnelle », que pose à l’humanité entière la menace d’une guerre nucléaire contre l’Iran. Une guerre que préparent actuellement les néoconservateurs américains et le « lobby » sioniste. Ces projets et préparations rencontrent, pour le moment, de fortes résistances dans des groupes importants de l’establishment américain et du capital mondial, une résistance évidemment de la part de la Russie et de la Chine, quoique ambigüe, ainsi que le début d’une mobilisation de masse aux Etats Unis même.

Par contre, elles ne trouvent en Europe que complicité, opportunisme, dépendance et apathie, un peu réminiscence d’aout 1914, quand notre continent s’est vu glissé imperceptiblement dans la deuxième guerre mondiale. Comme souvent les grandes désillusions et l’apathie peuvent être le signe annonciateur de l’approche de grandes catastrophes. La position lamentable du gouvernement français par rapport au dossier iranien – Paris coulant par sa coopération avec Washington « réparer » les dommages portés aux relations franco-américaine – est particulièrement frappante à cet égard.

Certes, on ne peut pas être sûr de la suite des évènements, mais seule une personne dupée ne pourrait reconnaître l’accumulation graduelle des éléments pouvant conduire à une guerre autrement plus grave que la guerre irakienne, ainsi qu’à la première utilisation de l’arme atomique depuis 1945. L’indifférence ou la complicité européenne, le manque presque total de mobilisations politique en Europe, l’influence d’un puissant lobby israélien sont, en revanche, des éléments facilitant dangereusement le développement ses projets étasuniens. (..) La non utilisation de l’arme atomique, son existence comme seulement « arme de dernier recours », ne sont pas un quelconque « tabou ». (Le monde du 20 avril 2006). (..)Ils sont le fondement non seulement des relations internationales après 1945, mais aussi de la survie même de l’humanité.

(..) Les évènements en Iran pourront avoir une importance énorme non seulement pour le Proche Orient, mais aussi ils vont influencer fortement le destin même de nos propres sociétés. Une guerre contre l’Iran pourrait faciliter le déclanchement d’une crise économique mondiale. Elle pourrait aussi nous amener une « guerre de civilisations » généralisée qui prendra des formes inouïes, forme qui viendraient justifier le recours à des méthodes totalitaires au sein de nos propres sociétés. Méthodes qui se préparent déjà depuis plusieurs années, dans le cadre de la lutte « anti-terroriste » (..)

De façon plus générale, la situation au Moyen orient présente pour les Etats Unis et Israël les alternatives suivantes :

L’option d’une attaque nucléaire contre l’Iran. A l’évidence, une invasion de l’Iran n’a pas de sens. Les bombardements auront tous les désavantages d’une guerre, sans conduire à la capitulation de l’Iran. Le résultat le plus immédiat d’une campagne de bombardements serait la généralisation de la guerre en Irak et en Afghanistan, les armes conventionnelles des Etats Unis ont déjà été utilisées contre l’Irak et elles n’ont pas donné la victoire. Par des bombardements aériens les Etats Unis pourront tout au plus, porter un coup au programme nucléaire.

(..) La possibilité d’une attaque nucléaire ne provient pas de calculs raisonnables mais de la cristallisation ses deux côtés d’ne perception de la situation qui rend avantageuse, ou au moins obligatoire, son recours.

D’un côté on a un leadership occidental, parmi les plus réactionnaires et le moins politique de l’histoire. Il s’est formé sous l’énorme impact psychologique de l’écroulement soudain, complet et inattendu de l’Urss.

(..) De l’autre côté, on remarque une effervescence nationale révolutionnaire à coloration islamique des peuples du Moyen Orient. Elle se dirige tout naturellement vers l’idéologie islamique, qui semble la seule disponible à ces peuples, pour structurer intellectuellement leur résistance, après la débâcle historique de l’Urss, du stalinisme, du nationalisme et de la modernisation arabe ou persane. L’Occident et Israël ont fait tout ce qu’ils pouvaient pendant des décennies pour favoriser l’émergence de l’islamisme en tant qu’idéologie politique, susceptible de contrecarrer le nationalisme et le socialisme.

(..) La défaite militaire des Etats Unis en Irak et en Afghanistan devait empêcher toute nouvelle aventure de leur part, pensent beaucoup d’Européens qui veulent recréer des ponts avec leurs dits alliés, sous l’influence rarement avouée des forces pro-israéliennes. »

(Utopie-critique n°37, 2ème trimestre 2006)

 

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Israël est prêt à bombarder l’Iran et guide l’empire (*)

Par Dimitris Konstantakopulos et Gilbert Marquis

 

« Nous avons prévenu dans notre éditorial d’Utopie Critique n°37de 2006 du danger d’une guerre contre l’Iran. Depuis, on voit s’accélérer la réparation militaire, politique, idéologique et même des « expérimentations » au Liban et en Syrie. On ne peut pas prédire assurément si la guerre viendra, mais on ne peut pas non plus constater l’accumulation graduelle des éléments conduisant à cette catastrophe.

La catastrophe en Irak devrait normalement empêcher Israël et les USA de déclencher une nouvelle guerre. Paradoxalement, c’est l’étendue de la défaite qui les pousse à une fuite en avant. Ils n’ont pas fait la guerre pour augmenter la puissance de l’Iran. Le statut quo est intenable à la longue. Un retrait américain de l’Irak est difficilement concevable pour Washington, absolument inconcevable pout Israël. Une porte de sortie serait un « condominium » américano-iranien dans la région, or la probabilité diminue avec le temps qui passe et son prix augmente.

La défaite en Irak prendrait le caractère d’une défaite stratégique et le modèle de la retraite vietnamienne très difficilement applicable. Israël et les Usa se trouvent devant un dilemme similaire à celui des Athéniens avant la disparition en Sicile, ou de Napoléon et d’Hitler avant leurs expéditions en Russie. Le fait qu’il n’y a encore aucune mobilisation des cercles politiques et des masses en Europe contre la guerre pour un Moyen-Orient dénucléarisé, pèse lourdement dans le sens de la guerre.

Il est probable que les armes nucléaires dites tactiques seront utilisées contre l’Iran, par ce que les armes conventionnelles ont montré leurs limites en Irak. Ma justification politique d’une telle utilisation pourrait être fournie par une attaque terroriste, plus importante que celles que nous avons connues, réelle ou « provoquée », dans une ville occidentale, suivie d’une « réponse » chimique de l’Iran contre Israël, en cas d’attaque contre l’Iran, ou par un autre événement dans l’escalade ou la provocation.

Les conséquences d’un tel conflit sont incalculables. Une catastrophe politique, écologique, et économique en découlerait. Une victoire de l’ « Occident » nous conduirait probablement à un Empire totalitaire… Et toutes les éventualités les plus sinistres se présenteraient !

« Notre » presse continue d’écrire que ce sera une catastrophe, si les Iraniens présentés comme fous, acquièrent l’arme nucléaire. Ils ne disent rien du fait que John Podhoretz, fameux idéologue des conservateurs et néolibéraux américains, membres influent de la communauté juive, propose, dans les colonnes du New York Post (/25/07/2006), sixième quotidien en circulation aux USA, qu’il faut massacrer tous les chiites irakiens hommes, de 15 à 35 ans, sans provoquer un immense tollé. Son père Norman, gourou du néo conservatisme et du néolibéralisme, est allé conseiller le Président Bush il y a quelques jours d’être encore plus ferme contre l’Iran.

Aux mains de ces forces se trouve le plus grand appareil militaire de destruction de l’Histoire. Ce sont eux et Sarkozy, président de 62 millions de Français, ou les six millions d’Israéliens qui revendiquent aujourd’hui, le monopole du feu nucléaire, qui semblent disposés à risquer une catastrophe mondiale pour éviter d’être potentiellement « menacés ». De la mondialisation, c’est-à-dire la dictature mondiale des marchés, imposée en 1990, on est arrivé à l’empire, qui s’efforce de donner une structure politico-militaire impériale à ce contrôle. Effort qui prend de plus en plus des caractéristiques totalitaires prononcées. Il est temps d’agir. »

* (Utopie-Critique, n°42, 4ème trimestre 2007)