Mexique : Quelles sont les stratégies qui s’affrontent pour les élections de Juillet au Mexique

Il est déjà évident que l’abstention sera cette fois moins importante et que Lopez Obrador obtiendra la majorité relative contre ses adversaires qui probablement ne recueilleront même pas la moitié de leur lectorat, même en additionnant leurs divers résultats.

Les urnes montreront à tout le monde la plus grave crise de l’establishment et la faiblesse des classes dirigeantes du Mexique, divisées aujourd’hui sur ce qu’il faudra faire au lendemain de l’élection présidentielle.

En effet, tandis que les patrons de presse et l’écrasante majorité des gros capitalistes, étroitement liés aux sociétés transnationales, veulent empêcher le vote pour AMLO (Andrès Manuel Lopez Obrador), une minorité d'entre eux et les organisations d’hommes d’affaires liées au marché interne ainsi que les représentants des capitalistes moyens, acceptent la possibilité de son triomphe.

Le « vote » de Donald Trump et du capitalisme international est également très clair, il s’oppose totalement à la possibilité que Mexico puisse cesser d’appliquer à la lettre les politiques sociales et économiques imposées à Davos.

Les États-Unis d’Amérique estiment que notre pays est une simple extension de son économie et donc un problème domestique, et Trump pense déjà à consolider ses chances de réélection lors des prochaines élections parlementaires américaines. Il va durcir sa politique envers le Canada et le Mexique et maintenir son protectionnisme, contre l’importation de tout produit, industriel ou agricole, qui peut rivaliser avec la production américain., ce qui lui assurera le soutien d’une partie de sa population

Cette attitude, d’une part, et la guerre des taxes de l’autre, menace d’étouffer la légère reprise de l’économie européenne et la croissance de l’économie chinoise, avec pour effet secondaire, de provoquer une hausse des prix des produits, des carburants et de tous les intrants pour l’industrie et les salariés (alimentation humaine et fourrages), avec pour résultats des effets récessifs au Mexique et dans le monde entier.

Un secteur de la bourgeoisie et de la City (banques) a fait savoir qu’ils accepteraient un gouvernement capable d’arrêter « El tigre » (AMLO lui-même), sans changements sociaux, avec une politique néolibérale et la soumission à Washington. Mais ce n’est pas ce que veulent les électeurs d’AMLO, qui n’accepteraient au minimum, qu’une politique de développement comme celle des présidents Luis Echeverría et José López Portillo.

Une politique à la Peña Nieto, maintenant la répression et l’occupation du pays par les forces armées, renforcerait les manifestations inévitables et les mouvements sociaux stimulés par la déception et la colère des électeurs d’AMLO qui se sentiraient trahis.

La City, s’inquiète également de ce qu’AMLO pourrait obtenir la majorité parlementaire, grâce à une multitude de transfuges venant des partis et des autres gouvernements de droite qui se raccrocheront au train d’AMLO car ils savent que le tabasqueño (de l’Etat du Tabasco) « El tigre » peut les menacer, ou qu’il pourrait les contrôler. Mais cette canaille opportuniste peut mettre dans la balance sa relation « avec les marchés » car elle peut se vendre sans aucun problème aux plus offrants, comme elle s’est avérée souple, ultra-conservatrice et incontrôlable.

La bourgeoisie, a donc deux options : une fraude électorale flagrante et immédiate, cachée, comme en 1988, puis en 2006, ou, au contraire, l’establishment est enclin à apprivoiser « El tigre » : y aller pour lui couper les griffes.

Dans le premier cas la classe dirigeante lancera une répression armée massive avec une réaction populaire sans doute aussi massive et féroce mais désorganisée. Dans le second, l’establishment gagne du temps et maintient ses positions pour harceler l’actuel gouvernement du Morena (Movimento regenacione nationale) devant ses partisans, en pratiquant une répression préventive et la désorganisation du pays pour empêcher les protestations sociales.

Il y a une fraude en marche par achat de voix. Mais pour les travailleurs et les pauvres qui vont refuser de vendre leur droit de vote et voteront pour AMLO pour construire un Mexique plus juste, plus honnête, plus équitable, que les réformes de fond rendraient possible, il n’y a pas d’autre choix que de s’organiser en toute indépendance.

Il peut donc y avoir à la fois un coup d’État, une dictature et AMLO en prison ou retenu dans sa ferme de La Chingada, comme si le tabasqueño était élu pour maintenir la politique du PRIAN (PRI, parti institutionnel révolutionnaire et le PAN, parti d’action nationale) et abandonner les quelques promesses progressives de sa campagne.

Dans un article intitulé « Dieu pour prier et le marteau pour taper » je me suis souvenu la semaine dernière ce proverbe pour souligner qu’il est urgent et nécessaire de changer l’équilibre des pouvoirs entre les exploités et les exploiteurs. Mais ce n’est pas dans les urnes, mais dans les consciences et les mobilisations que se construira une organisation anticapitaliste reposant sur un réseau de comités, le contrôle des assemblées permanentes de quartier et des organismes communautaires issus des assemblées populaires.

15/06/2018

 

Cuba : Un moment crucial

Nous vivons des moments difficiles, des jours dramatiques. Avec un Donald Trump, aventureux et fou, les États-Unis avancent sur des sables mouvants. Emmanuel Macron, affronte l’abstention et les manifestations des travailleurs qui tentent de rejoindre celles des écologistes, des soignants, des juges, des avocats, des étudiants et celles des ruraux abandonnés à leur sort, en s’appuyant sur la partie la plus rance de la droite catholique, xénophobe et nationaliste. De même Vladimir Poutine voit croître les abstentions et les manifestations tout en étant conscient de la fragilité de la base économique et de la puissance militaire impériale russe, qui exporte principalement du pétrole et du gaz. Chacun d’eux cherche, par conséquent, une diversion pour affirmer son pouvoir en qualifiant son opposition d’antipatriotique.

L’aventurisme et l’agression d’un fou, fils raciste d’un nazi et d’un adhérent du Ku Klux Klan, ce Napoléon III de pacotille, et d’un ancien général du KGB devenu Tsar, malgré la méfiance du gouvernement chinois qui tente de freiner, conduisent un monde qui roule comme un train sans contrôle vers le précipice d’une guerre mondiale.

Toute mesure mal calculée, toute provocation excessive, toute bravade de Tel-Aviv, pourraient déclencher une guerre au Moyen-Orient entre, d’une part, les États-Unis avec à ses côtés des ex-puissances coloniales sur la région, l’Angleterre et la France, et Israël, pays qui colonise brutalement la Palestine et, d’autre part, la Russie, la Syrie et l’Iran. Dans cette guerre la Chine puis, l’Inde et le Pakistan ainsi que les deux Corées, seront immanquablement impliquées. Tout l’Asie explosera, de la Turquie au Japon, et Trump, pourra alors se dégager et mettre la main sur Cuba, le Venezuela et occuper le Mexique comme compensation des catastrophes humaines et matérielles que subiraient des États-Unis pour la première fois de son histoire.

Bien que les armes nucléaires ne soient peut-être pas utilisées en premier, inévitablement elles le seront tôt ou tard, comme lors du génocide atomique d’Hiroshima et de Nagasaki ou de la guerre de Corée en 1952, quand le haut commandement de l’armée US évaluait les retombées de l’utilisation de la bombe atomique contre les chinois et les Coréens du Nord. L’humanité va régresser de plusieurs siècles, voire de plusieurs millénaires, et la guerre détruira le fondement naturel de la civilisation actuelle.

C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale cubaine a choisi de remplacer Raúl Castro, à la présidence, en raison de l’expiration de son mandat. Toutefois Raúl Castro reste le chef des forces armées, l’épine dorsale de l’État qui contrôle une grande partie de l’économie de l’île, et il demeure également Secrétaire du parti. Parti qui se confond avec l’État et qui est en grande partie soumis à ce dernier, au prétexte d’améliorer le système. Rendons à César ce qui revient à César, et la lutte sociale pour le socialisme à Marx et, à César.

Autrement dit, la séparation du capitalisme d’Etat de ses formes étatiques concrètes, et du parti qui lutte pour construire le socialisme, est déterminée par la nécessité d’échanger des marchandises sur le marché capitaliste international.

Le socialisme c’est la disparition – non le renforcement - de l’Etat, une planification démocratique de l’économie, et aussi la suppression des gains de productivité et des intérêts privés ou nationaux comme ressort principal des activités, et leur remplacement par l’intérêt collectif, la solidarité et l’altruisme.

Pour cela, Cuba, ne devrait pas simplement remplacer un président. Mais, au contraire, modifier radicalement le fonctionnement et les caractéristiques de l’État et du parti pour aborder dans les meilleures conditions possibles, la phase terrible dans laquelle l’humanité entre et, avec elle l’indépendance de l’île, pour organiser la résistance et la reconstruction en cas de nécessité.

Par conséquent, Cuba devrait ouvrir au maximum la participation démocratique des travailleurs et du peuple cubain à la discussion profonde et détaillée des défis que va affronter l’île et des moyens d’y faire face, pour rétablir une économie locale très fragilisée par le manque de ressources et sa dépendance à un tourisme très volatile, surtout en période de conflits graves. Les bouches doivent s’ouvrir, toutes les voix honnêtes doivent être entendues pour élever la conscience collective et préparer le peuple cubain, en le laissant décider lui-même d’être protagoniste de son destin national.

Les diverses orientations existantes à Cuba et dans le parti communiste cubain lui-même, devraient pouvoir débattre ouvertement avec la société. La tendance prédominante, influencée par l’ex-Union soviétique, avec son parti unique centralisé et monolithique et sa vision stalinienne de la révolution cubaine et du communisme, n'est pas la seule tendance. Il existe à ses côtés un communisme hétérodoxe, éclectique ou révolutionnaire, héritier du guévarisme et de la Pensée critique, et aussi une vague sociale démocratie ou chrétienne. Dans le pays, dans la bureaucratie et la bourgeoisie il y a des couches pro-capitalistes qui doivent être vaincues par la lutte idéologique, et non avec des mesures policières ou administratives car elles respecteraient le cadre autorisé par la loi.

L’État doit donner à tout un chacun la liberté de choisir toute profession ou activité en interdisant seulement celles qui encouragent la criminalité ou affectent la santé. Dans le même temps, il doit promouvoir la solidarité et une activité collective et coopérative réelle, où se seront les travailleurs des coopératives qui décideront de tout dans les assemblées après avoir entendu l’avis des ingénieurs et des économistes.

Sans démocratie il n’y a pas de socialisme. La future disparition de l’État, ne sera possible qu’en construisant un Etat de transition par la base, par tous, décider à agir conjointement et solidairement. La Constitution doit être discutée par tous, afin que tous l’acceptent et la respectent. De même que la réorganisation des entreprises, de l’industrie et du logement. Les syndicats doivent représenter les travailleurs et cesser d’être une branche du parti ou de l’Etat, qui est encore dans une phase de capitalisme d’État.

Il faut franchir une nouvelle étape.

Mai 2018

 

 

 

Chroniques d’Amérique Latine

par Guillermo Almeyra

Mexique : Quelles sont les stratégies qui s’affrontent pour les élections de Juillet au Mexique

Il est déjà évident que l’abstention sera cette fois moins importante et que Lopez Obrador obtiendra la majorité relative contre ses adversaires qui probablement ne recueilleront même pas la moitié de leur lectorat, même en additionnant leurs divers résultats.

Les urnes montreront à tout le monde la plus grave crise de l’establishment et la faiblesse des classes dirigeantes du Mexique, divisées aujourd’hui sur ce qu’il faudra faire au lendemain de l’élection présidentielle.

En effet, tandis que les patrons de presse et l’écrasante majorité des gros capitalistes, étroitement liés aux sociétés transnationales, veulent empêcher le vote pour AMLO (Andrès Manuel Lopez Obrador), une minorité d'entre eux et les organisations d’hommes d’affaires liées au marché interne ainsi que les représentants des capitalistes moyens, acceptent la possibilité de son triomphe.

Le « vote » de Donald Trump et du capitalisme international est également très clair, il s’oppose totalement à la possibilité que Mexico puisse cesser d’appliquer à la lettre les politiques sociales et économiques imposées à Davos.

Les États-Unis d’Amérique estiment que notre pays est une simple extension de son économie et donc un problème domestique, et Trump pense déjà à consolider ses chances de réélection lors des prochaines élections parlementaires américaines. Il va durcir sa politique envers le Canada et le Mexique et maintenir son protectionnisme, contre l’importation de tout produit, industriel ou agricole, qui peut rivaliser avec la production américain., ce qui lui assurera le soutien d’une partie de sa population

Cette attitude, d’une part, et la guerre des taxes de l’autre, menace d’étouffer la légère reprise de l’économie européenne et la croissance de l’économie chinoise, avec pour effet secondaire, de provoquer une hausse des prix des produits, des carburants et de tous les intrants pour l’industrie et les salariés (alimentation humaine et fourrages), avec pour résultats des effets récessifs au Mexique et dans le monde entier.

Un secteur de la bourgeoisie et de la City (banques) a fait savoir qu’ils accepteraient un gouvernement capable d’arrêter « El tigre » (AMLO lui-même), sans changements sociaux, avec une politique néolibérale et la soumission à Washington. Mais ce n’est pas ce que veulent les électeurs d’AMLO, qui n’accepteraient au minimum, qu’une politique de développement comme celle des présidents Luis Echeverría et José López Portillo.

Une politique à la Peña Nieto, maintenant la répression et l’occupation du pays par les forces armées, renforcerait les manifestations inévitables et les mouvements sociaux stimulés par la déception et la colère des électeurs d’AMLO qui se sentiraient trahis.

La City, s’inquiète également de ce qu’AMLO pourrait obtenir la majorité parlementaire, grâce à une multitude de transfuges venant des partis et des autres gouvernements de droite qui se raccrocheront au train d’AMLO car ils savent que le tabasqueño (de l’Etat du Tabasco) « El tigre » peut les menacer, ou qu’il pourrait les contrôler. Mais cette canaille opportuniste peut mettre dans la balance sa relation « avec les marchés » car elle peut se vendre sans aucun problème aux plus offrants, comme elle s’est avérée souple, ultra-conservatrice et incontrôlable.

La bourgeoisie, a donc deux options : une fraude électorale flagrante et immédiate, cachée, comme en 1988, puis en 2006, ou, au contraire, l’establishment est enclin à apprivoiser « El tigre » : y aller pour lui couper les griffes.

Dans le premier cas la classe dirigeante lancera une répression armée massive avec une réaction populaire sans doute aussi massive et féroce mais désorganisée. Dans le second, l’establishment gagne du temps et maintient ses positions pour harceler l’actuel gouvernement du Morena (Movimento regenacione nationale) devant ses partisans, en pratiquant une répression préventive et la désorganisation du pays pour empêcher les protestations sociales.

Il y a une fraude en marche par achat de voix. Mais pour les travailleurs et les pauvres qui vont refuser de vendre leur droit de vote et voteront pour AMLO pour construire un Mexique plus juste, plus honnête, plus équitable, que les réformes de fond rendraient possible, il n’y a pas d’autre choix que de s’organiser en toute indépendance.

Il peut donc y avoir à la fois un coup d’État, une dictature et AMLO en prison ou retenu dans sa ferme de La Chingada, comme si le tabasqueño était élu pour maintenir la politique du PRIAN (PRI, parti institutionnel révolutionnaire et le PAN, parti d’action nationale) et abandonner les quelques promesses progressives de sa campagne.

Dans un article intitulé « Dieu pour prier et le marteau pour taper » je me suis souvenu la semaine dernière ce proverbe pour souligner qu’il est urgent et nécessaire de changer l’équilibre des pouvoirs entre les exploités et les exploiteurs. Mais ce n’est pas dans les urnes, mais dans les consciences et les mobilisations que se construira une organisation anticapitaliste reposant sur un réseau de comités, le contrôle des assemblées permanentes de quartier et des organismes communautaires issus des assemblées populaires.

15/06/2018

Cuba :

Un moment crucial

Nous vivons des moments difficiles, des jours dramatiques. Avec un Donald Trump, aventureux et fou, les États-Unis avancent sur des sables mouvants. Emmanuel Macron, affronte l’abstention et les manifestations des travailleurs qui tentent de rejoindre celles des écologistes, des soignants, des juges, des avocats, des étudiants et celles des ruraux abandonnés à leur sort, en s’appuyant sur la partie la plus rance de la droite catholique, xénophobe et nationaliste. De même Vladimir Poutine voit croître les abstentions et les manifestations tout en étant conscient de la fragilité de la base économique et de la puissance militaire impériale russe, qui exporte principalement du pétrole et du gaz. Chacun d’eux cherche, par conséquent, une diversion pour affirmer son pouvoir en qualifiant son opposition d’antipatriotique.

L’aventurisme et l’agression d’un fou, fils raciste d’un nazi et d’un adhérent du Ku Klux Klan, ce Napoléon III de pacotille, et d’un ancien général du KGB devenu Tsar, malgré la méfiance du gouvernement chinois qui tente de freiner, conduisent un monde qui roule comme un train sans contrôle vers le précipice d’une guerre mondiale.

Toute mesure mal calculée, toute provocation excessive, toute bravade de Tel-Aviv, pourraient déclencher une guerre au Moyen-Orient entre, d’une part, les États-Unis avec à ses côtés des ex-puissances coloniales sur la région, l’Angleterre et la France, et Israël, pays qui colonise brutalement la Palestine et, d’autre part, la Russie, la Syrie et l’Iran. Dans cette guerre la Chine puis, l’Inde et le Pakistan ainsi que les deux Corées, seront immanquablement impliquées. Tout l’Asie explosera, de la Turquie au Japon, et Trump, pourra alors se dégager et mettre la main sur Cuba, le Venezuela et occuper le Mexique comme compensation des catastrophes humaines et matérielles que subiraient des États-Unis pour la première fois de son histoire.

Bien que les armes nucléaires ne soient peut-être pas utilisées en premier, inévitablement elles le seront tôt ou tard, comme lors du génocide atomique d’Hiroshima et de Nagasaki ou de la guerre de Corée en 1952, quand le haut commandement de l’armée US évaluait les retombées de l’utilisation de la bombe atomique contre les chinois et les Coréens du Nord. L’humanité va régresser de plusieurs siècles, voire de plusieurs millénaires, et la guerre détruira le fondement naturel de la civilisation actuelle.

C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale cubaine a choisi de remplacer Raúl Castro, à la présidence, en raison de l’expiration de son mandat. Toutefois Raúl Castro reste le chef des forces armées, l’épine dorsale de l’État qui contrôle une grande partie de l’économie de l’île, et il demeure également Secrétaire du parti. Parti qui se confond avec l’État et qui est en grande partie soumis à ce dernier, au prétexte d’améliorer le système. Rendons à César ce qui revient à César, et la lutte sociale pour le socialisme à Marx et, à César.

Autrement dit, la séparation du capitalisme d’Etat de ses formes étatiques concrètes, et du parti qui lutte pour construire le socialisme, est déterminée par la nécessité d’échanger des marchandises sur le marché capitaliste international.

Le socialisme c’est la disparition – non le renforcement - de l’Etat, une planification démocratique de l’économie, et aussi la suppression des gains de productivité et des intérêts privés ou nationaux comme ressort principal des activités, et leur remplacement par l’intérêt collectif, la solidarité et l’altruisme.

Pour cela, Cuba, ne devrait pas simplement remplacer un président. Mais, au contraire, modifier radicalement le fonctionnement et les caractéristiques de l’État et du parti pour aborder dans les meilleures conditions possibles, la phase terrible dans laquelle l’humanité entre et, avec elle l’indépendance de l’île, pour organiser la résistance et la reconstruction en cas de nécessité.

Par conséquent, Cuba devrait ouvrir au maximum la participation démocratique des travailleurs et du peuple cubain à la discussion profonde et détaillée des défis que va affronter l’île et des moyens d’y faire face, pour rétablir une économie locale très fragilisée par le manque de ressources et sa dépendance à un tourisme très volatile, surtout en période de conflits graves. Les bouches doivent s’ouvrir, toutes les voix honnêtes doivent être entendues pour élever la conscience collective et préparer le peuple cubain, en le laissant décider lui-même d’être protagoniste de son destin national.

Les diverses orientations existantes à Cuba et dans le parti communiste cubain lui-même, devraient pouvoir débattre ouvertement avec la société. La tendance prédominante, influencée par l’ex-Union soviétique, avec son parti unique centralisé et monolithique et sa vision stalinienne de la révolution cubaine et du communisme, n'est pas la seule tendance. Il existe à ses côtés un communisme hétérodoxe, éclectique ou révolutionnaire, héritier du guévarisme et de la Pensée critique, et aussi une vague sociale démocratie ou chrétienne. Dans le pays, dans la bureaucratie et la bourgeoisie il y a des couches pro-capitalistes qui doivent être vaincues par la lutte idéologique, et non avec des mesures policières ou administratives car elles respecteraient le cadre autorisé par la loi.

L’État doit donner à tout un chacun la liberté de choisir toute profession ou activité en interdisant seulement celles qui encouragent la criminalité ou affectent la santé. Dans le même temps, il doit promouvoir la solidarité et une activité collective et coopérative réelle, où se seront les travailleurs des coopératives qui décideront de tout dans les assemblées après avoir entendu l’avis des ingénieurs et des économistes.

Sans démocratie il n’y a pas de socialisme. La future disparition de l’État, ne sera possible qu’en construisant un Etat de transition par la base, par tous, décider à agir conjointement et solidairement. La Constitution doit être discutée par tous, afin que tous l’acceptent et la respectent. De même que la réorganisation des entreprises, de l’industrie et du logement. Les syndicats doivent représenter les travailleurs et cesser d’être une branche du parti ou de l’Etat, qui est encore dans une phase de capitalisme d’État.

Il faut franchir une nouvelle étape.

Mai 2018