Affirmation et palier du mouvement altermondialiste
Le cycle 1998-2008 a consacré la naissance et l'affirmation du mouvement altermondialiste, comme il a modifié les conditions objectives de son évolution.
Le mouvement « altermondialiste » recouvre des réalités très diverses en termes de nature d'organisations, de projets, de priorités politiques et stratégiques pour ses composantes. Mais il bâtit son unité à travers l'affirmation de grandes revendications internationales et transversales sur les questions sociales, environnementales et de paix.
Entendu comme « mouvement de mouvements » de tous les continents formulant une nouvelle solidarité Nord/Sud, il s'est construit dans les années 1990 contre la mondialisation néolibérale, lorsqu'il a fallu identifier et nommer la stabilisation d'une nouvelle phase historique du développement du capitalisme caractérisée par la domination de la finance, la marchandisation de toutes les activités humaines et l'internationalisation des forces du capital.
En même temps qu'il la nommait, le mouvement altermondialiste a contesté cette mondialisation néolibérale. Des organisations comme Attac France, puis les autres Attac (une cinquantaine aujourd'hui dans le monde), se sont constituées à partir de 1998 pour porter cette dénonciation publiquement et faire des propositions pour « un autre monde ». De son côté, l'emblématique mobilisation internationale de Seattle en 1999 (où se sont retrouvés syndicats, ONG, associations, mouvements sociaux, etc.) à l'occasion de la Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a posé un acte, d'une certaine manière, fondateur.
Le début des années 2000 sera donc marqué par une nouvelle forme de contestation internationale du capitalisme visant ses institutions et ses espaces de visibilité planétaires (FMI, Banque mondiale, OMC, OCDE, Davos, G8, etc.). La réaction de l'ordre dominant saura être violente. La réunion du G8 à Gênes en juillet 2001 (précédée par celle du Conseil européen à Göteborg en juin) et ses violences policières contre les militants altermondialistes indiqueront une stratégie de criminalisation du mouvement.
Malgré cette offensive, cette période a facilité la construction de réseaux au niveau continental et mondial, et la production d'un patrimoine de connaissances commun sur la mondialisation.
Dans ce contexte, les Forums sociaux (le premier s'est tenu en 2001 à Porto Alegre au Brésil) se sont enracinés dans le paysage public aux niveaux international, continental et national.
Ce sont dans ces espaces ouverts d'échange et de travail internationaux qu'ont commencé à être élaborées des contre-propositions et des alternatives au capitalisme néolibéral, ainsi que de nouvelles formes d'organisation des luttes et des mobilisations.
C'est ici aussi que nombre de grandes revendications thématiques ont combiné, de manière inédite, le social et l'environnemental.
Avec son accélération sécuritaire et guerrière (notamment à partir du 11 septembre 2001), la mondialisation néolibérale a poussé le mouvement altermondialiste à prendre également en charge ces thématiques de manière de plus en plus centrale.