L'État prédateur. Comment la droite a renoncé au marché libre et pourquoi la gauche devrait en faire autant.
James K. Galbraith - Edition du Seuil, septembre 2009
JAMES K. Galbraith (il est le fils de John-K. Galbraith, qui a été conseiller économique de différents présidents des Etats-Unis, de Franklin D. Roosevelt à J.-F. Kennedy et Lyndon B. Johnson, keynésien mondialement réputé et récemment décédé) reprend et continue l'œuvre critique de son père. Il analyse à partir des années Reagan trente années de vie politico-économique étasunienne et leurs incidences sur l'économie mondiale, non seulement en accusant férocement les libéraux à un niveau rare et trop souvent absent des ouvrages commis par des hommes de gauche, mais en défendant des solutions en des termes que la gauche, timorée voire acquise aux marchés, récuse aujourd'hui. Il est actuellement président de l'association internationale « Economists for
Peace and Security » et proche du Parti démocrate américain.
Dans la 1re partie, James K. Galbraith revisite les dogmes fondamentaux qui ont présidé ces trois dernières décennies. Il détricote le double langage des libéraux qui, dit-il, n'ont jamais été à même de respecter leur propre orthodoxie malgré toutes leurs imprécations dogmatiques. « La politique monétaire devait se donner pour seul objectif de lutter contre l'inflation, les budgets devaient être en équilibre, le libre- échange devait présider au commerce, les impôts sur l'épargne et les accumulations privées de capital devaient être légers. Et surtout l'Etat devait être faible, et "intervenir" aussi peu que possible dans le fonctionnement des marchés. Principe applicable partout et particulièrement au marché du travail où le soutien des pouvoirs publics aux syndicats et à des normes réglementant l'emploi a été accusé de créer le chômage. »
A partir de R. Reagan jusqu'à G.-W. Bush, c'est tout le contraire. Il n'y a jamais eu d'équilibre budgétaire ni de libre échange et la politique monétaire suivie par la déréglementation des marchés financiers s'est traduite par une multitude de crises et une terrible récession qui, au passage, a détruit toutes les formes de démocratie sociale instaurées par le New Deal de Roosevelt. Quant à l'Etat, il a été vampirisé et vidé de sa substance, la « défense des intérêts collectifs et la redistribution » étant remplacée par la « défense des intérêts de quelques uns et appropriation du bien commun ».
Tout d'abord, pourquoi ce titre L'Etat prédateur ? L' « Etat prédateur », c'est un Etat dont les administrations publiques ont été « accaparées par la clientèle privée d'une élite au pouvoir », c'est ce qu'est devenu l'Etat aux Etats-Unis. Ces forces prédatrices, par ailleurs, se retrouvent tout autant à droite qu'à gauche ; car si la droite au pouvoir fondements philosophiques de sa cause, ceux-ci dans une large mesure continuent de fasciner et d'être défendus par la gauche !
Suite dans Utopie Critique N°50