Née sujette polonaise de l'Empire russe, elle s'exile en Suisse pour suivre des études, puis prend la nationalité allemande afin de poursuivre en Allemagne son militantisme socialiste. Figure de l'aile gauche de l'Internationale ouvrière, révolutionnaire et partisane de l'internationalisme, elle s'oppose à la Première Guerre mondiale, ce qui lui vaut d'être exclue du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Elle cofonde la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d'Allemagne. Deux semaines après la fondation de ce dernier, elle meurt assassinée à Berlin le 15 janvier 1919 pendant la révolution allemande, lors de la répression de la révolte spartakiste. (wikipedia)
14 Janvier 1919 : « L’Ordre règne à Berlin »
« L'ordre règne à Varsovie », déclara le ministre Sébastiani, en 1831, à la Chambre française, lorsque, après avoir lancé son terrible assaut sur le faubourg de Praga, la soldatesque de SouvorovErreur de Rosa Luxemburg : Souvorov est mort en 1800. Les troupes russes étaient commandées par Paskevitch. (Note de G.Badia), eut pénétré dans la capitale polonaise et qu'elle eut commencé son office de bourreau.
« L'ordre règne à Berlin », proclame avec des cris de triomphe la presse bourgeoise, tout comme les Ebert et les Noske, tout comme les officiers des « troupes victorieuses » que la racaille petite-bourgeoise accueille dans les rues de Berlin en agitant des mouchoirs et en criant : « Hourrah ! » Devant l'histoire mondiale, la gloire et l'honneur des armes allemandes sont saufs. Les lamentables vaincus des Flandres et de l'Argonne ont rétabli leur renommée en remportant une victoire éclatante... sur les 300 « Spartakistes » du Vorwärts. Les exploits datant de la glorieuse invasion de la Belgique par des troupes allemandes, les exploits du général von Emmich, le vainqueur de Liège, pâlissent devant les exploits des Reinhardt REINHARDT, Walther (1872-1930). Officier d'État-Major pendant la première guerre mondiale, dernier ministre prussien de la guerre, il fut nommé en octobre 1919, chef de la direction de l'armée. Il démissionna en même temps que Noske, après le putsch de Kapp et Cie dans les rues de Berlin. Assassinat de parlementaires venus négocier la reddition du Vorwärts et que la soldatesque gouvernementale a frappés a coups de crosse, au point que l'identification des corps est impossible, prisonniers collés au mur, dont on a fait éclater les crânes et jaillir la cervelle : qui donc, en présence de faits aussi glorieux pourrait encore évoquer les défaites subies devant les Français, les Anglais et les Américains ? L'ennemi, c'est « Spartacus » et Berlin est le lieu où nos officiers s'entendent à remporter la victoire. Et le général qui s'entend à organiser ces victoires, là où Ludendorff a échoué, c'est Noske, l' « ouvrier » Noske.
Qui n'évoquerait l'ivresse de la meute des partisans de « l'ordre », la bacchanale de la bourgeoisie parisienne dansant sur les cadavres des combattants de la Commune, cette bourgeoisie qui venait de capituler lâchement devant les Prussiens et de livrer la capitale à l'ennemi extérieur après avoir levé le pied ? Mais quand il s'est agi d'affronter les prolétaires parisiens affamés et mal armés, d'affronter leurs femmes sans défense et leurs enfants, ah comme le courage viril des fils de bourgeois, de cette « jeunesse dorée », comme le courage des officiers a éclaté Comme la bravoure de ces fils de Mars qui avaient cané devant l'ennemi extérieur s'est donné libre cours dans ces atrocités bestiales, commises sur des hommes sans défense, des blessés et des prisonniers !
« L'ordre règne à Varsovie », « l'ordre règne à Paris », « l'ordre règne à Berlin ». Tous les demi-siècles, les gardiens de « l'ordre » lancent ainsi dans un des foyers de la lutte mondiale leurs bulletins de victoire. Et ces « vainqueurs » qui exultent ne s'aperçoivent pas qu'un « ordre », qui a besoin d'être maintenu périodiquement par de sanglantes hécatombes, va inéluctablement à sa perte.
Cette « Semaine Spartakiste » de Berlin, que nous a-t-elle apporté, que nous enseigne-t-elle ? Au cœur de la mêlée, au milieu des clameurs de triomphe de la contre-révolution, les prolétaires révolutionnaires doivent déjà faire le bilan des événements, les mesurer, eux et leurs résultats, au grand étalon de l'histoire. La révolution n'a pas de temps à perdre, elle poursuit sa marche en avant, - par-dessus les tombes encore ouvertes, par-delà les « victoires » et les « défaites » - vers ses objectifs grandioses. Et le premier devoir de ceux qui luttent pour le socialisme internationaliste, c'est d'étudier avec lucidité sa marche et ses lignes de force.
Pouvait-on s'attendre, dans le présent affrontement, à une victoire décisive du prolétariat révolutionnaire, pouvait-on escompter la chute des Ebert-Scheidemann et l'instauration de la dictature socialiste ? Certainement pas, si l'on fait entrer en ligne de compte tous les éléments qui décident de la réponse. Il suffit de mettre le doigt sur ce qui est à l'heure actuelle la plaie de la révolution : le manque de maturité politique de la masse des soldats qui continuent de se laisser abuser par leurs officiers et utiliser à des fins contre-révolutionnaires est à lui seul la preuve que, dans ce choc-ci, une victoire durable de la révolution n'était pas possible. D'autre part, ce manque de maturité n'est lui-même que le symptôme du manque général de maturité de la révolution allemande.
Les campagnes, d'où est issu un fort pourcentage de la masse des soldats, continuent de n'être à peu près pas touchées par la révolution. Jusqu'ici, Berlin est à peu près isolé du reste du Reich. Certes en province, les foyers révolutionnaires - en Rhénanie, sur la côte de la mer du Nord, dans le Brunswick, la Saxe, le Wurtemberg - sont corps et âme aux côtés du prolétariat berlinois. Mais ce qui fait défaut, c'est la coordination de la marche en avant, l'action commune qui donnerait aux coups de boutoir et aux ripostes de la classe ouvrière berlinoise une tout autre efficacité. Ensuite - et c'est de cette cause plus profonde que proviennent ces imperfections politiques - les luttes économiques, ce volcan qui alimente sans cesse la lutte de classe révolutionnaire, ces luttes économiques n'en sont encore qu'à leur stade initial.
Il en résulte que, dans la phase actuelle, on ne pouvait encore escompter de victoire définitive, de victoire durable. La lutte de la semaine écoulée constituait-elle pour autant une « faute » ? Oui, s'il s'agissait d'un « coup de boutoir » délibéré, de ce qu'on appelle un « putsch » ! Mais quel a été le point de départ des combats ? Comme dans tous les cas précé¬dents, le 6 décembre, le 24 décembre : une provocation brutale du gouvernement ! Naguère l'attentat contre les manifestants sans armes de la Chausséestrasse, le massacre des matelots, cette fois le coup tenté contre la Préfecture de Police, ont été la cause des événements ultérieurs. C'est que la révolution n'agit pas à sa guise, elle n'opère pas en rase campagne, selon un plan bien mis au point par d'habiles « stratèges ». Ses adversaires aussi font preuve d'initiative, et même en règle générale, bien plus que la Révolution.
Placés devant la provocation violente des Ebert-Scheidemann, les ouvriers révolution¬naires étaient contraints de prendre les armes. Pour la révolution, c'était une question d'honneur que de repousser l'attaque immédiatement, de toute son énergie, si l'on ne voulait pas que la contre-révolution se crût encouragée à un nouveau pas en avant ; si l'on ne voulait pas que fussent ébranlés les rangs du prolétariat révolutionnaire et le crédit dont jouit au sein de l'InternationaleIl s'agit encore à ce moment-là d'une Internationale toute théorique puisque le premier Congrès de la III° Internationale n'a pas encore eu lieu. (Note de G.Badia) la révolution allemande.
Du reste, des masses berlinoises jaillit spontanément, avec une énergie si naturelle, la volonté de résistance, que, dès le premier jour, la victoire morale fut du côté de la « rue ».
Or il existe pour la Révolution une règle absolue : ne jamais s'arrêter une fois le premier pas accompli, ne jamais tomber dans l'inaction, la passivité. La meilleure parade, c'est de porter à l'adversaire un coup énergique. Cette règle élémentaire qui s'applique à tout combat vaut surtout pour les premiers pas de la révolution. Il va de soi - et pareil comportement témoi¬gne de la justesse, de la fraîcheur de réaction du prolétariat, - qu'il ne pouvait se satis¬fai¬re d'avoir réinstallé Eichhorn à son poste. Spontanément, il occupa d'autres positions de la contre-révolution : les sièges de la presse bourgeoise, le bureau de l'agence d'informations officieuse, le Vorwärts. Ces démarches étaient inspirées à la masse par ce qu'elle comprenait d'instinct : la contre-révolution n'allait pas pour sa part se satisfaire de sa défaite, mais préparer une épreuve de force générale.
Là encore nous nous trouvons en présence d'une de ces grandes lois historiques de la révolution, sur laquelle viennent se briser toutes les habiletés, toute la « science » de ces petits révolutionnaires de l'U.S.P.L’U.S.P. était le parti social-démocrate indépendant au sein duquel militaient notamment Kautsky et Bernstein, qui dans chaque lutte ne sont en quête que d'une chose ; de prétextes pour battre en retraite. Dès que le problème fondamental d'une révolution a été clairement posé - et dans celle-ci c'est le renversement du gouvernement Ebert-Scheidemann, premier obstacle à la victoire du socialisme - alors ce problème ne cesse de resurgir dans toute son actualité, et, avec la fatalité d'une loi naturelle, chaque épisode de la lutte le fait apparaître dans toute son ampleur, si peu préparée à le résoudre que soit la révolution, si peu propice que soit la situation.
« A bas Ebert-Scheidemann ! » Ce mot d'ordre jaillit immanquablement à chaque nouvelle crise révolutionnaire ; c'est la formule qui, seule, épuise tous les conflits partiels et qui, par sa logique interne, qu'on le veuille ou non, pousse n'importe quel épisode de la lutte jusqu'à ses conséquences extrêmes.
De cette contradiction entre la tâche qui s'impose et l'absence, à l'étape actuelle de la révolution, des conditions préalables permettant de la résoudre, il résulte que les luttes se terminent par une défaite formelle. Mais la révolution est la seule forme de « guerre » - c'est encore une des lois de son développement - où la victoire finale ne saurait être obtenue que par une série de « défaites ».
Que nous enseigne toute l'histoire des révolutions modernes et du socialisme ? La première flambée de la lutte de classe en Europe s'est acheve par une défaite. Le soulèvement des canuts de Lyon, en 1831, s'est soldé par un lourd échec. Défaite aussi pour le mouvement chartiste en Angleterre. Défaite écrasante pour la levée du prolétariat parisien au cours des journées de juin 1848. La Commune de Paris enfin a connu une terrible défaite. La route du socialisme - à considérer les luttes révolutionnaires - est pavée de défaites.
Et pourtant cette histoire mène irrésistiblement, pas à pas, à la victoire finale ! Où en serions-nous aujourd'hui sans toutes ces « défaites », où nous avons puisé notre expérience, nos connaissances, la force et l'idéalisme qui nous animent ? Aujourd'hui que nous sommes tout juste parvenus à la veille du combat final de la lutte prolétarienne, nous sommes campés sur ces défaites et nous ne pouvons renoncer à une seule d'entre elles, car de chacune nous tirons une portion de notre force, une partie de notre lucidité.
Les combats révolutionnaires sont à l'opposé des luttes parlementaires. En Allemagne, pendant quatre décennies, nous n'avons connu sur le plan parlementaire que des « victoires »; nous volions littéralement de victoire en victoire. Et quel a été le résultat lors de la grande épreuve historique du 4 août 1914 : une défaite morale et politique écrasante, un effondre¬ment inouï, une banqueroute sans exemple. Les révolutions par contre ne nous ont jusqu'ici apporté que défaites, mais ces échecs inévitables sont précisément la caution réitérée de la victoire finale.
A une condition il est vrai ! Car il faut étudier dans quelles conditions la défaite s'est chaque fois produite. Résulte-t-elle du fait que l'énergie des masses est venue se briser contre la barrière des conditions historiques qui n'avaient pas atteint une maturité suffisante, ou bien est-elle imputable aux demi-mesures, à l'irrésolution, à la faiblesse interne qui ont paralysé l'action révolutionnaire ?
Pour chacune de ces deux éventualités, nous disposons d'exemples classiques : la révolution française de février, la révolution allemande de mars. L'action héroïque du prolétariat parisien, en 1848, est la source vive où tout le prolétariat international puise son énergie. Par contre, les navrantes petitesses de la révolution allemande de mars sont comme un boulet qui freine toute l'évolution de l'Allemagne moderne. Elles se sont répercutées - à travers l'histoire particulière de la social-démocratie allemande - jusque dans les événements les plus récents de la révolution allemande, jusque dans la crise que nous venons de vivre.
A la lumière de cette question historique, comment juger la défaite de ce qu'on appelle la « semaine spartakiste » ?
Provient-elle de l'impétuosité de l'énergie révolutionnaire et de l'insuffisante maturité de la situation, ou de la faiblesse de l'action menée ?
De l'une et de l'autre ! Le double caractère de cette crise, la contradiction entre la manifes¬tation vigoureuse, résolue, offensive des masses berlinoises et l'irrésolution, les hésitations, les atermoiements de la direction, telles sont les caractéristiques de ce dernier épisode.
La direction a été défaillante. Mais on peut et on doit instaurer une direction nouvelle, une direction qui émane des masses et que les masses choisissent. Les masses constituent l'élément décisif, le roc sur lequel on bâtira la victoire finale de la révolution.
Les masses ont été à la hauteur de leur tâche. Elles ont fait de cette « défaite » un maillon dans la série des défaites historiques, qui constituent la fierté et la force du socialisme international. Et voilà pourquoi la victoire fleurira sur le sol de cette défaite.
« L'ordre règne à Berlin ! » sbires stupides ! Votre « ordre » est bâti sur le sable. Dès demain la révolution « se dressera de nouveau avec fracas » proclamant à son de trompe pour votre plus grand effroi. »
J'étais, je suis, je serai !Vers extrait du poème de F. Freiligrath « La Révolution ». (Note de G.Badia)
Source : Gesammelte Werke, Vol.4, Dietz Verlag, Berlin.
D’abord été publié : Rote Fahne, 14 janvier 1919
11 janvier 1919 dernière lettre de Rosa Luxemburg à Clara Zetkin
Très chère Clara,
J’ai reçu aujourd’hui ta longue lettre, j’ai pu la lire enfin à loisir et, ce qui est encore plus incroyable, je peux y répondre. C’est qu’on ne saurait décrire la vie que je - que nous menons ici depuis des semaines, le tourbillon, le changement perpétuel de domicile, les nouvelles alarmantes continuelles, et, au milieu de tout ça, un travail épuisant, des réunions... À la lettre, je n’ai pas eu le temps de t’écrire ! Je ne vois mon appartement que de temps à autre pour deux ou trois heures, la nuit. Peut-être vais-je aujourd’hui réussir à t’écrire une lettre. Seulement, je ne sais par où commencer, tant j’ai de choses à te dire.
Avant tout, donc, la question de la non-participation aux élections : tu surestimes énormément la portée de cette résolution. Il n’y a pas de partisans de Rühle. À la conférence, Rühle n’a pas été du tout un « leader ». Notre « défaite » n’a été que la victoire d’un extrémisme un peu puéril, en pleine fermentation, sans nuances. Mais ce n’a été que le début de la conférence. Au cours de celle-ci, le contact s’est établi entre nous (la Direction centrale) et les délégués, et lorsque dans mon rapport je suis revenue brièvement sur la question de la participation aux élections, j’ai senti une tout autre résonance qu’au début. N’oublie pas que les spartakistes sont, pour une bonne part, une génération neuve, sur qui ne pèsent pas les traditions abrutissantes du « vieux » parti, du parti « qui a fait ses preuves », et il faut accepter le fait avec ses lumières et ses ombres. Nous avons décidé à l’unanimité de ne pas faire de ce point une question essentielle et de ne pas le prendre au tragique.
En réalité, les événements actuels, qui se précipitent, rejettent tout à fait au second plan la question de l’Assemblée nationale, et, si les choses continuent comme à présent, il semble fort douteux qu’on ait des élections et une Assemblée nationale. Tu portes sur la question (je veux dire sur le caractère tragique de cette résolution) un tout autre jugement que nous parce que tu n’as malheureusement pour l’instant pas de contacts avec nous, que tu ne sais pas les détails, ou plutôt que tu ne sens pas la situation comme on la connaît, par impressions directes.
Mon premier mouvement, quand j’ai lu ta lettre et ton télégramme sur la question des élections, a été de te télégraphier : viens ici le plus vite possible. Je suis sûre qu’il suffirait que tu passes une semaine ici et que tu participes directement à nos travaux et discussions pour qu’un accord total soit établi entre nous sur les grandes et les petites questions. Mais je me vois contrainte de te dire au contraire : attends encore un peu, pour venir, que nous ayons des jours un peu plus tranquilles. Vivre dans ce tourbillon et ce danger de chaque heure, avec ces changements de domicile, cette presse et ces poursuites, cela ne te vaudrait rien et surtout il n’y a absolument pas moyen de travailler correctement ni même seulement de discuter.
J’espère que, d’ici une semaine, la situation sera plus claire, dans un sens ou dans l’autre et qu’il sera de nouveau possible de travailler régulièrement. Alors ta venue ici serait le début d’une collaboration systématique d’où résulteront tout naturellement échanges de vues et accord.
Nota bene : nous n’avons accepté dans nos rangs aucun « borchardien ». Au contraire, Borchardt a été éjecté par les « communistes internationalistes », et cela à notre demande.
Les « communistes » étaient pour l’essentiel des Hambourgeois et des Brêmois : cette acquisition a sans doute des inconvénients, mais ce sont là en tout cas des points secondaires, sur lesquels il faut passer et qui se régleront avec le progrès du mouvement.
Au total, notre mouvement se développe magnifiquement et, dans tout le Reich. La séparation d’avec l’USPD était devenue absolument nécessaire, pour des raisons politiques, car, si les hommes sont toujours ceux qu’ils étaient à GothaLieu de fondation de l’USPD en 1917, la situation, elle, est aujourd’hui tout à fait différente.
Les crises politiques violentes que nous vivons ici, à Berlin, toutes les deux semaines ou même plus souvent, gênent considérablement la mise sur pied d’un travail systématique de formation et d’organisation, mais elles constituent en même temps un admirable enseignement pour les masses. Et en fin de compte il faut bien prendre l’histoire comme elle se déroule...
Que tu reçoives si rarement la Rote Fahne, c’est quelque chose d’épouvantable ! Je vais faire en sorte de te l’envoyer chaque jour. Pour l’heure, les combats continuent à Berlin, beaucoup de nos braves gars sont tombés. Meyer, LedebourErnst Meyer et Georg Ledebour sont effectivement arrêtés dans la nuit du 10 au 11 janvier et (nous le craignons)Leo Ce qui n’est pas le cas. Leo Jogiches sera arrêté le 10 mars 1919 sont arrêtés.
Il me faut en rester là pour aujourd’hui. Je t’embrasse mille fois.
Ta R.
LUXEMBURG Rosa, J’étais, je suis, je serai ! Correspondance 1914-1919, Textes réunis, traduits et annotés sous la direction de Georges Haupt par Gilbert Badia, Irène Petit, Claudie Weill, Paris, Éditions François Maspero, Bibliothèque Socialiste n°34, Paris, 1977, pp. 371-373