Manuel Aguilar Mora. Professeur à l’Université autonome de Mexico (UACM), il rejoint en 1968 le Comité de lutte pour la philosophie et les lettres aux côtés de José Revueltas. Il est le fondateur du Parti des travailleurs révolutionnaires (EPR). Auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire politique et sociale du Mexique.
Comme lors des tristes rapports faits par les présidents et premiers ministres européens (comme Pedro Sánchez en Espagne ou Angelina Merkel en Allemagne) qui, tiennent les réunions parlementaires devant des hémicycles de 400 sièges ou plus vides, avec quelques représentants des partis, à cause de la pandémie du covid-19, le pathétique a atteint son apogée le 5 avril à l’occasion du premier rapport trimestriel de l’année parAndrés Muanuel López Obrador (AMLO).
Politique pathétique
Debout devant le pupitre et son micro, seul dans l’immense « patio d’honneur » du Palais national AMLO s’est adressé par la radio et la télévision aux millions de Mexicains qui attendaient avec impatience de ce discours une réponse à l’urgence qui traverse le pays. Mais il n’y eu aucune réponse et quand la longue lecture du rapport a finalement été terminée après trois : « Viva Mexico ! », tout me monde s’est tu. Ensuite, il chanta seul l’hymne national et à la fin, il se retourna puis se retira. De l’autre côté de l’écran devant cette scène pathétique ils y avaient des millions de Mexicaines et de Mexicains plongés dans une profonde incertitude. AMLO n’a proposé aucun plan, aucune stratégie spécifique face à la crise gigantesque du pays, la pire catastrophe sanitaire du covid-19, et aux conséquences d’une catastrophe économique mondiale déjà annoncée comme la pire dépression économique du capitalisme depuis la crise de 1929.
Au lieu d’apaiser ou comme il dit « calmer le Mexique », après ce rapport, le pays, en pleine quarantaine de covid-19 mise en place plus d’une semaine plus tôt, est devenu plus concentré, plus tendu et sans perspectives claires pour la grande majorité des travailleurs et les personnes immergées dans la double crise que constituent la catastrophe et la dépression économique, sans aucune protection pour les maux qui viennent et s’accumuleront dans les prochains jours.
AMLO a agi comme il le fait tous les jours (tous les matins), cherchant à remplir avec ses mots l’« agenda du jour » et de répondre de façon pragmatique et immédiate aux problèmes qui émergent. Mais cette nouvelle crise sort du quotidien. De même qu’il n’a pas donné de réponse spécifique globale à la crise, il n’a pas non plus abordé les autres questions qui ont directement touché son gouvernement, comme la question de l’affrontement ouvert avec la mobilisation massive des femmes quelques jours auparavant. Et sur la question de la situation désastreuse dans laquelle se trouve le secteur de la santé (selon les autorités elles-mêmes, il a un déficit de 200.000 médecins et 300.000 infirmières parmi tant d’autres carences), il n’a simplement rien ajouté de nouveau, sous-estimant sa terrible gravité.
Le Mexique, comme tout le monde, est confronté à une catastrophe historique, contre laquelle AMLO et son gouvernement n’ont pas donné d’objectifs radicalement nouveaux. Cette crise est dite « temporaire et transitoire » et ne doit pas affecter les plans envisagés le 1er décembre 2018, en fait, elle les a réaffirmés et ils sont maintenus.
Pour AMLO, la double crise sanitaire et économique, elle « est tombée au bon moment pour mettre en œuvre la Quatrième Transformation (4T) ». Pour lui, il n’y a pas de changements significatifs. Leurs plans phares des 4T restent inchangés (le train maya, le nouvel aéroport de Sainte-Lucie et la nouvelle raffinerie Dos Bocas à Tabasco). Et en accord avec le conservatisme le plus réactionnaire, il fait de la famille l’institution clé d’où émergeront les solutions les plus pertinentes à la crise, sans même savoir que les féminicides dans l’écrasante majorité se produisent à la maison. Pour lui, « le capital culturel » et la « force morale » du Mexique surmonteront les obstacles et son peuple finira par triompher. Et donc en soulignant le triomphe à venir, son allocution terminée, il est sorti comme il est entré, en : solitaire du Palais.
AMLO, aide et chômage
Sans surprise, les décisions d’AMLO ont été accueillies avec stupéfaction et des critiques partout. Seul le secteur dur de ses partisans les a acceptées sans aucun doute et tout indique que le soutien inconditionnel de son parti, Morena (Mouvement de régénération nationale), a été imposé. Cependant, bien qu’elle soit encore assez forte, on devine, comme le disent les sondages eux-mêmes, la lente érosion de sa popularité dans les secteurs plus larges de la population : des taux de plus de 80 et 70 pour cent d’approbation il y a un an, ce pourcentage est passé à 50%. Mais au-delà des sondages, qui ne sont après tout que des instantanés des humeurs des masses en constante évolution, la combinaison des deux crises, économique et sanitaire, s’approfondit et exprime le sentiment réel du pays, comme c’est le cas lors de chaque crise majeure.
AMLO croit que sa carte majeure pour faire face à la situation réside dans sa position différente de celle de ses prédécesseurs Priistes (du Parti Révolutionnaire institutionnel), et Panistes (du Parti d’Action Nationale). Il ne sauvera pas les entreprises comme les gouvernements précédents l’ont fait avec comme résultat l’immense enrichissement des grands capitalistes. Par conséquent, la position qui a été l’un des principaux slogans de sa campagne électorale sera maintenue : « d’abord les pauvres ». Avec cette approche, il estime que « les programmes sociaux sont protégés, l’économie est relancée et les ressources énergétiques garanties ». Les plus de 20 millions de bénéficiaires (un sixième de la population du pays) bénéficiant d’une aide en espèces provenant de programmes sociaux (jeunes étudiants, seniors et autres secteurs populaires) constituent la base dure du soutien électoral d’AMLO, de sorte que son « armée » le maintient au pouvoir grâce à des ressources équivalentes à 400 milliards de pesos. (El Universal, 25 mars 2020). Une aide qui permet de survivre, mais qui est essentielle pour souder et soutenir le gouvernement AMLO en 2021, date des élections à mi-mandat.
Mais la crise a radicalement changé cet environnement. Le désastre social du chômage et de la précarité montre impitoyablement la terrible crudité de la situation, dont la solution n’est pas, et de loin une simple prévoyance de soins, comme le prétend AMLO.
Les trois principales sources de financement du capitalisme au Mexique sont dans l’ordre suivant : premièrement, les envois de fonds des Mexicains travaillant aux États-Unis (Usa), deuxièmement le tourisme, les exportations de pétrole viennent en troisième place. Les travailleurs d’origine mexicaine seront sans doute parmi les premiers durement touchés par la crise aux États-Unis, le tourisme a chuté comme le prix du pétrole, y compris celui par extraction. Les calculs de la dépression économique, au Mexique, varient : entre quatre et huit points de PIB annuel seront perdus, soit entre 450 mille et 900 milliards de pesos en seulement trois mois (Ricardo Raphael, 5 avril 2020).
Le paysage du chômage est immense, épouvantable. Selon le bureau de l’Organisation internationale du Travail au Mexique, le pays perdra plus de 1,5 million d’emplois dans les prochaines semaines. Ces chiffres ne sont pas en deçà de ce qui est calculé dans d’autres pays, en particulier le pays voisin du nord. Mais contrairement aux chômeurs des États-Unis, les chômeurs au Mexique ne sont absolument pas protégés parce qu’ils manquent massivement d’assurance-chômage et travaillent pour les petites et moyennes entreprises (PME) frappées sans compassion par la crise. En outre, un peu plus de la moitié du marché du travail (6 sur 10) est composée de travailleurs du secteur informel qui n’ont pas de droits. C’est pourquoi lorsque la pandémie arrivera à la fin, le nombre de chômeurs que jetteront l’industrie, le tourisme, le commerce, les services, pourra se mesurer, non pas à un million, mais à environ 13 millions.
AMLO et la bourgeoisie
Un pays en crise a besoin d’une réponse spécifique, une décision politique. Les moments de crise exigent des décisions politiques brutales et radicales. C’est évidemment l’État qui est principalement responsable du cadre et de l’élaboration d’une telle politique.
La transition démocratique convenue en 2000 entre les partis dominants traditionnels, le PRI et le NAP, n’a pas duré vingt ans. Aujourd’hui, la « démocratie bourgeoise » mexicaine est une caricature. Les protagonistes de son échec ont été le renard grotesque, l’horrible Calderon et le sinistre Pea Nieto qui ne sont pas parvenus à transcender le déclin du régime politique dominant au cours du XXe siècle.
AMLO est aujourd’hui le chef de cet Etat, bénéficiaire de la victoire électorale de 2018 qui représente la défaite écrasante de ces derniers. Avec elle AMLO a ressuscité les vieilles habitudes bonapartistes qui prévalaient au cours du XXe siècle. Ni le PAN ni le PRI n’ont la moindre légitimité, ni la force de s’opposer vraiment à AMLO. En ce qui concerne Morena, c’est un groupement hétérogène qui n’est pas, comme certains l’ont cru, un nouveau PRI. C’est loin d’être un véritable parti intégré composé comme il l’est par les courants les plus disparates et antagonistes dont le seul dénominateur commun est le soutien au caudillo présidentiel. S’y retrouvent des fondamentalistes chrétiens et catholiques, d’anciens priistes, panistes, perredistes, et gauchistes de tous les plumages (anciens communistes, anciens maoïstes, anciens castristes et même d’anciens trotskistes et quelques anciens anarchistes).
Cette absence de porte-parole politique légitime et efficace a eu les conséquences que les relations critiques entre le Président de la République et les secteurs bourgeois ont aujourd’hui tendance à se concentrer directement entre AMLO et les dirigeants directs capitalistes : les chambres de l’industrie (Concamin, Canacintra), du Commerce (Conaco), des Employeurs (Coparmex), Banquiers (ABM), toutes représentées par le Conseil de coordination des entreprises (CCE). AMLO s’est constamment réuni avec eux depuis le début de son mandat, avant et après le 5 avril.
La politique d’AMLO suppose une rupture avec le néolibéralisme et le retour aux modèles dominants des années de présidences nationalistes. Il n’y a pas de « solution nationale » à la crise actuelle.
Sa présentation du rapport du 5 avril n’a pas plu aux secteurs capitalistes. Un jour plus tard, les déclarations du dirigeant du CCE, (comité de coordination des entreprises) Carlos Salazar Lomelô, le montrent clairement : « Nous devons nous organiser pour obtenir la révocation de son mandat lors des élections de 2021 ». Cet appel ouvert à se débarrasser d’AMLO par l’un des dirigeants les plus représentatifs de la grande bourgeoisie ne pouvait pas passer inaperçu. Immédiatement AMLO a rencontré les trois hommes les plus riches du Mexique, Carlos Slim, Germon Larrea et Alberto Balléres et il y a eu un changement de cap. En quittant la réunion, AMLO n’a pas ménagé ses éloges pour « l’esprit de collaboration » qu’ils lui ont montré. Une semaine plus tard, Salazar Lomelô lui-même déclarait : « Ni division, ni disqualification non fondée, ni confrontation aident dans une période aussi délicate pour notre pays [...] dialogue ouvert et respect des différentes positions. » (Le jour, 11 avril 2020).
Des secteurs les plus perspicaces de capitalistes se rendent compte qu’ils ne peuvent pas agir comme ils l’ont fait lors des crises précédentes. De la restauration des routes, au renflouement de la Fobaproa (fond bancaire assurance) les années des Salinas, Gortari et Zedillo, restent pour beaucoup le modèle à suivre. D’autres estiment qu’ils ne peuvent plus y avoir d’impunité. Ils cherchent de nouvelles façons de traverser la crise actuelle qui conviennent aux changements qui se sont produits, en gardant à l’esprit que l’accord avec AMLO ne peut pas être le même que celui qu’ils avaient du temps du PRI et du NAP. L’événement mentionné de la conduite d’un des leaders les plus notoires de la guilde des grands capitalistes a cette signification. Ils utiliseront de nouvelles formes tactiques pour atteindre le même objectif de gains toujours meilleurs, plus lucratif ; leur raison même de leur existence.
Pour sa part, AMLO n’épargne aucun éloge ni faveurs envers l’armée et la marine. Ils sont les piliers emblématiques des projets de reconstruction aujourd’hui de l’aéroport de Santa Lucia, et demain du train Maya. Mais avant tout, ils sont et seront toujours les garants de la stabilité lorsque face aux turbulences de la lutte des classes, il faudra « calmer le Mexique ».
En ce qui concerne le puissant voisin du nord, à Washington, la figure de l’AMLO est à son plus haut, avec les éloges publics du président Donald Trump pour le travail de milliers de soldats de la Garde nationale qui gardent les frontières pour empêcher le flux de migrants d’Amérique centrale vers les États-Unis.
Certes, dans cette période il y aura des virages serrés et de nombreux événements imprévus nous attendent. La tendance sera toutefois la croissance accélérée du mécontentement des masses et la nécessité de maintenir l’équilibre catastrophique qui se produira dans des situations bonapartistes. Mais le projet AMLO ne peut être comparé à l’exemple classique défini par Trotsky pendant son exil mexicain en 1937-40, quand il a été témoin des agissements du gouvernement de Lázaro Cárdenas, c’est-à-dire au fameux bonapartisme sui generis héritier direct de la Révolution mexicaine, que l’on retrouve dans d’autres cas similaires tels que celui de Peron en Argentine et de Nasser en Egypte.
Au 21ème siècle, beaucoup ont vu dans Hugo Chavez et son gouvernement bolivarien, une autre expérience de ce genre de bonapartisme. Aujourd’hui, au Mexique, ce qui ressort dans le cas d’AMLO n’est pas le produit d’une révolution, mais de l’effondrement de l’ancien régime qui prévalait à la fin du XXe siècle. Il s’agit d’une combinaison plutôt similaire à ce que Trotsky a appelé, toutes proportions gardées « les bonapartismes séniles » de nombreux gouvernements européens des années entre les deux guerres mondiales, que l’expérience cardeniste de ces mêmes années.
La situation peut entrainer l’émergence de la lutte des classes. Les travailleurs, l’immense population appauvrie submergée par la crise, est en attente. Toutefois, une grande majorité est encore dominée par la tromperie traditionnelle de la bourgeoisie et suit le caudillo du moment. C’est la base passive qui espère l’aide sociale. Les terribles aiguillons de la crise vont l’ébranler.
Vers des moments cruciaux, pour une alternative positive
La gravité de la situation défie les qualificatifs : extraordinaire, massive, etc. L’État, son capitaine, la classe dirigeante du navire, l’ont déjà démontré, ils n’ont pas les qualités que la situation exige. Le naufrage est en vue si nous ne l’arrêtons pas.
L’alternative positive, ne peut être qu’anticapitaliste, socialiste, est construite sur les conditions actuelles dans lesquelles les secteurs révolutionnaires avancés doivent sortir de l’énorme confusion idéologique et faire l’effort de la critique de la période politico-historique du XXe siècle, au niveau national et mondial, qui a connu tant de victoires populaires, mais aussi pleine d’atrocités contre-révolutionnaires.
C’est à partir d’aujourd’hui, que nous devons commencer. Des mesures révolutionnaires simples mais inédites sont nécessaires pour répondre aux besoins des urgences sanitaires et économiques, afin d’assurer la santé collective des masses principales victimes des conséquences dévastatrices de la pandémie et des souffrances du chômage. Des ressources socio-économiques existent pour la formation de nouveaux médecins et la diversité du personnel de santé, pour la construction de nouveaux hôpitaux dans tout le pays et pour le renouvellement des hôpitaux existants, pour l’approvisionnement en pharmacies et l’amélioration de l’infrastructure nécessaire, des instruments et de toutes sortes d’accessoires essentiels pour les soins vers la population malade, non seulement touchée par la pandémie actuelle, mais aussi pour les patients de toutes les maladies. Pour ce faire, tous les hôpitaux, cliniques, laboratoires et autres établissements devront être unis en un seul système national de santé. L’entité qui en résulte ne peut être que publique : la santé des êtres humains n’est pas une marchandise soumise aux lois des gains capitalistes.
La pandémie sera éradiquée avec la science et la solidarité, avec la conviction que la santé de la population est l’objectif par excellence de toute société humaine. Cela signifie qu’il s’agit de se heurter à des groupes capitalistes qui contrôlent de plus en plus le système de santé existant, car ils y voient une entreprise lucrative.
Il en va de même pour la lutte contre le chômage. Deux millions de nouveaux emplois ne suffisent pas. Le chiffre du chômage qui se développe avec la dépression économique actuelle qui n’est pas une simple récession, sera à deux chiffres. Un gigantesque plan de travaux publics qui va bien au-delà de celui proposé par le programme des 4 transformations devra être lancé au cours des prochains mois.
Le taux de collecte des impôts au Mexique est la plus faible des pays de l’OCDE, soit 16 % du PIB, alors que la moyenne des pays identiques est de 34 %. En ce qui concerne les pays d’Amérique latine, le Mexique est bien en dessous de la perception fiscale de pays comme le Chili : 20 pour cent, l’Argentine : 30 pour cent, le Brésil 30 pour cent et l’Uruguay 30 pour cent.
Ce résultat vient de l’accumulation colossale de richesse par la grande bourgeoisie mexicaine au détriment de millions de Mexicains pauvres. Les Slim, les Larrea, les Salinas Pliego, les Azcârraga, les Bailléres sont immensément riches. Les dix plus riches du Mexique accumulent des capitaux équivalant à environ 125 milliards de dollars. L’urgence de la situation exige qu’ils soient taxés par un impôt spécial. Il en va de même pour les administrateurs et les propriétaires des entreprises qui doivent au fisc l’immense montant de plus de 200 milliards de pesos (millions de millions) : Cemex, América Môvil, Telmex, Grupo México, GrupoModelo, Bimbo, Wal Mart et des dizaines d’autres grandes entreprises mexicaines. Ils doivent être taxés pour répondre à la crise que traverse le pays.
Le paiement de la dette publique doit être suspendu immédiatement, y compris les dettes héritées des présidents et des gouvernements néolibéraux détestés de Salinas, Zedillo etc., ainsi que la dette bancaire (Fobaproa qui est encore remboursée religieusement), celle des routes et bien sûr la dette (au taux d’usure) internationale.
La double crise santé/économie prépare le terrain pour une lutte à venir encore plus féroce et même si l’équilibre catastrophique du régime est maintenu dans ce moment bonapartiste, rien n’entravera son développement, elle se produira « normalement ». En fait après la formidable crise que nous traversons, il n’y aura plus de retour à la « normalité ». En fait, nous entrons dans un temps anormal.
17/04/2020, Sin permiso