Des Millions de salariés, une unité syndicale irréprochable, mais … une défaite.
Malheureusement la mobilisation importante autour la plateforme solidaire syndicale ne l'a pas emporté face à un Macron plus autocrate que jamais avec ses 49/3, inscrit dans la Constitution par et qui permet au gouvernement de faire passer ses lois sans discussion à l’Assemblée nationale ! C’est un héritage de de Gaulle pour restaurer en 1958 « l’autorité de l’Etat » face aux « désordres » d’une assemblée élue à la proportionnelle : le « régime des partis » de la III et IV ème République. Toutefois une motion de censure peut être déposée par les oppositions et votée à la majorité.
Dans ce cas précis les différentes motions de censure déposées par la Fin, Nupes, et le RN n’ont pas abouti.
Alors, maintenant que faire ? Tout d’abord un bilan critique de ce qui n'a pas fonctionné.
Par exemple, avoir oublié que le syndicalisme en France n’enregistre que 8% de syndiqués. Que cette faiblesse explique que la lutte syndicale quotidienne n'est pas présente dans la majeure partie des entreprises, sauf dans la fonction publique. Que les blocages n'ont pas bloqués la France, un peu plus lors des 13 journées de grève nationale. Que ceux qui font grève ne voulaient pas la faire par "procuration". Or 70% des Français assurent toujours rejeter la loi et "soutiennent" le mouvement, dans la réalité ils le soutiennent devant leur TV. Et des journées de grèves nationales de plus en plus espacées.
Sur le plan politique la partie jouée par la FI a été désastreuse.
La FI qui fait de beaux discours qui font chaud au cœur a pour chef JLM qui a dit à cette occasion « pas de discussion à l’Assemblée nationale sur les retraites », car le gouvernement a utilisé une astuce pour mettre la loi sur les retraites (article 7) en discussion, non pas dans la rubrique Social, mais Finances où les délais de débat sont limités. Et la FI de déposer 13000 amendements qui nécessitaient des mois de débats. Mais les syndicats voulaient ce débat pour que les Français puissent découvrir le rapport de force et comment votaient leurs députés. Qui était pout, qui était contre. Alors sus les yeux médusés des Français les députés de la FI ont changé de tactique, et fait un rétropédalage trop tard. La discussion attendue sur l’article 7 n’a pu se tenir.
L’extrême gauche joue aussi un rôle ambivalent. D’abord en appuyant le mouvement mais toujours sur la mythologie de la « grève Générale » et le mouvement de 1968. Elle a cru voir arriver la « convergence des luttes », comme en 1968. Ensuite en tentant de forcer à la poursuite de la grève quel que soit le moment. Et là ce n’est pas gagné ! N’ont-ils pas vu que la période a changé ? Que même si le gouvernement de Macron est fragile, car il n’a été élu que contre le Pen, il s’était préparé à une confrontation houleuse ? Macron veut faire de cette loi sa marque historique ! Que l’UE est à l’origine de cette loi déjà votée dans d’autres pays (65/67 ans selon les pays) ? Que les dépenses sociales vont subir une coupe drastique car les pays de l’UE se sont engagés dans la guerre de l’Ukraine et que les niveaux de vie déjà atteints par l’inflation, risquent de baisser encore plus et limiter le recours aux grèves ?
Bref, aujourd’hui, personne ne veut s’avouer vaincu ni lâcher prise ni la gauche, ni la Nupes, ni la FI, ni le RN qui renvoie tout le monde aux élections présidentielles de 2027. Le groupe LIOT, un petit groupe de l’Assemblée nationale : Libertés, indépendants, outre-mer et territoires regroupe des députés centre gauche et du centre droite a utilisé plusieurs astuces pour obtenir un vote pour l’ « abrogation des 64 ans ». Mais à chaque fois le gouvernement a su réagir et gagner le maintient de sa loi.
Ce ne sont que des astuces qui créent une atmosphère de drame et entretiennent l’illusion que la victoire est proche auprès de nombreux Français qui continuent de manifester çà et là avec des « casserolades » c’est-à-dire des concerts de casseroles.
L'aspect positif c'est la reconstruction d’une intersyndicale. Combien de temps va-t-elle durer ?
Les syndicats – tout au moins la CGT talonnée par les syndicats Sud (souvent dirigés par des militants du NPA et de l’extrême gauche) veulent poursuivre un mouvement perdu d’avance, les décrets d’application de la loi viennent d’être signés. La mobilisation risque donc de s’étioler.
Pendant ce temps-là, le patronat de s’en donner à cœur joie. Sur les réseaux sociaux il diffuse des clips qui vantent les conditions de travail idéales offertes à leurs salariés, bavarde sur les périodes de repos encadrées dans l’entreprise qui permettent, jeux, activités sportives, garde d’enfants, travail à domicile 2 jours par semaine (on est si bien chez soit coincé dans un deux pièces ou un studio sans compter ses heures), et accepte de discuter sur les salaires.
C’est ainsi que, sans complexe, le gouvernement ose envisager un débat sur le « partage de la plus-value », c’est-à-dire essentiellement des bénéfices, sous forme de primes, soumises à des conditions de réalisation des objectifs fixés par poste de travail et de concurrence entre salariés. Un leurre magistral, car la représentation des salariés aux conseils d’administration est illusoire, leur pouvoir ne représentera qu’une infime partie des droits de vote à l’Assemblée générale des actionnaires pour les groupes qui sont côtés à la bourse. Quant à l’ensemble des PME et PMI et des petites structures ce sera suivant la « bonne volonté » du patron !
Un vrai « partage de la plus -value » ce serait d’abord d’augmenter les salaires globalement. Et d’organiser au niveau national un « grenelle des salaires » avec l’ensemble des syndicats de salariés et patronaux – comme en 1968 – avec la présence du gouvernement.
La CGT et me mouvement syndical doivent faire l'analyse de ce mouvement et en tirer les conclusions et se préparer aux luttes suivantes. Car il y a toujours une suite, ce gouvernement veut transformer le rapport social dans ce pays. La loi est passée avec le 49/3, elle n'a pas été votée. ET ce qu'a fait un gouvernement, un autre peut l'abroger.
Mais pour cela il faut reconquérir les salariés dans leurs entreprises.