Au cours des dix dernières années - bien avant la guerre en Ukraine - les dépenses militaires des pays membres de l’OTAN de l’Union européenne ont augmenté de près de 50%. Un ebook de Sbilanciamoci ! et Greenpeace analyse les dépenses militaires et l’industrie de l’armement en Europe et en Italie
L’Europe et l’Italie sont de plus en plus impliquées dans des conflits militaires et ont pris la voie de l’augmentation des dépenses d’armement et de la militarisation. Au cours des dix dernières années – bien avant la guerre en Ukraine – les dépenses militaires des pays membres de l’OTAN de l’Union européenne ont augmenté de près de 50 %, passant de 145 milliards d’euros en 2014 à une prévision budgétaire de 215 milliards en 2023 (calculée à prix constants de 2015, données de l’OTAN). C’est plus que le PIB annuel du Portugal. Avec la guerre en Ukraine, les dépenses militaires pour 2023 devraient augmenter de près de 10 % en termes réels par rapport à l’année précédente.
Dans l’ensemble, les pays de l’OTAN de l’UE consacrent 1,8 % de leur PIB aux forces armées, ce qui se rapproche de l’objectif de 2 %. En une décennie, l’Italie a augmenté ses dépenses militaires réelles de 26 %.
Dans tous les pays, l’augmentation est entièrement due à l’acquisition d’armes et d’équipements ; en 2023, les dépenses d’armement dans les pays de l’OTAN ont atteint 64,6 milliards d’euros (+168 % sur la décennie) ; L’Allemagne a triplé ses dépenses pour atteindre 13 milliards d’euros. L’Italie a atteint 5,9 milliards d’euros ; Espagne 4,3 milliards.
Les importations d’armes de l’UE (sur la base des données du SIPRI) ont bondi et triplé entre 2018 et 2022 ; la moitié de toutes les importations proviennent des États-Unis.
L’UE s’est alignée sur cette poussée vers la militarisation : elle a créé le Fonds européen de défense, doté de 7,9 milliards d’euros pour la recherche et la production de nouveaux armements pour la période 2021-2027, et la Facilité européenne pour la paix, dotée de 12 milliards d’euros sur la même période pour l’aide et les fournitures militaires aux pays tiers.
Mais le fait le plus frappant pour notre pays est la comparaison entre les dépenses militaires et les variables économiques. Sur l’ensemble de la décennie 2013-2023, les dépenses militaires ont augmenté de 26 % en termes réels, tandis que le PIB a augmenté de 9 %, l’emploi de 4 %, les dépenses publiques totales de 13 %, les dépenses de santé de 11 % et les dépenses d’éducation de seulement 3 %. La priorité pour les ressources publiques a été le système militaire plutôt que les dépenses sociales.
Pour documenter ces politiques de réarmement et leurs conséquences, sortons de l’équilibre ! et Greenpeace ont créé l’ebook « Armed Economy 2024. Les dépenses militaires et l’industrie de l’armement en Europe et en Italie », téléchargeable à partir du 2 mai sur le site Sbilanciamoci.info.
L’ebook est préfacé par Carlo Rovelli et commence par un aperçu de la politique de la guerre et de la paix proposée par Giulio Marcon et Francesco Strazzari.
Une partie importante de l’ebook est consacrée à la traduction italienne du rapport de Greenpeace « L’Europe des armes. Les dépenses militaires et leurs effets économiques en Allemagne, en Italie et en Espagne », publié en anglais ces derniers mois, d’où sont tirées les données ci-dessus. L’étude analyse la croissance des dépenses militaires en Europe dans le contexte de l’évolution économique, en comparant les effets sur la croissance et l’emploi des dépenses d’armement et des dépenses sociales et environnementales. Les résultats montrent que les dépenses d’armement sont une « mauvaise affaire » – même si ce n’est qu’en termes purement économiques – par rapport aux investissements dans les domaines civils.
L’imbrication des dépenses militaires et de l’industrie de l’armement est analysée par Francesco Vignarca, directeur du Réseau italien pour la paix et le désarmement. Raul Caruso se penche sur la question de l’intégration européenne dans les dépenses militaires. Sofia Basso, qui a coordonné le travail de l’ebook, présente un aperçu des missions militaires à l’étranger qui visent à protéger les sources d’énergie dans les pays en conflit. Une contribution importante est celle de Gianni Alioti qui présente la structure du secteur, le classement des grandes entreprises d’armement – de Leonardo à Fincantieri –, la hiérarchie existante entre les fabricants, l’échelle multinationale des activités, la dimension financière qui prend de plus en plus d’importance, et les données sur l’emploi. Guglielmo Ragozzino propose une analyse approfondie du cas du nouveau chasseur Tempest, une coproduction internationale inhabituelle impliquant l’Italie, tandis que Giorgio Beretta présente le tableau des exportations d’armes italiennes, montrant les responsabilités de notre pays dans les conflits en cours.
Les contributions de l’ouvrage montrent que l’augmentation des dépenses militaires ne conduit pas à une plus grande sécurité, mais au contraire conduit l’Italie et l’Europe sur une trajectoire de prospérité économique plus faible, de création d’emplois plus faible et de moins bonne qualité de développement. Les solutions de rechange – des dépenses plus élevées dans les domaines de l’environnement, de l’éducation et de la santé – auraient des effets économiques plus positifs sur la production et l’emploi, et contribueraient à résoudre les problèmes sociaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
1er Mai 2024 manifesto