Le débat sur la construction européenne a commencé en réalité dès la ratification du traité de Rome créant le marché commun. Et le constat pourrait être aujourd’hui le même que celui de Mendès France en 1957 (lire les extraits de son discours à l’Assemblée Nationale en 1957, dans ce numéro), en tenant compte bien sûr des modifications historiques comme la fin des colonies, la réunification de l’Allemagne, l’effondrement de l’Urss et l’adhésion des pays de l’ex « bloc soviétique » à partir de l’effondrement de l’Urss en 1991, sans oublier la suite des actes centralisant la gestion politique, économique et sociale dans les mains de la direction européenne. Il s’avère que l’intervention de Mendès France est toujours pertinente. Beaucoup des problèmes qu’il souligne restent encore à résoudre. Comme celui essentiel de la souveraineté des Peuples/Nations qui composent aujourd’hui l’UE et pourquoi ils ne devraient pas cesser de revendiquer leur droit à une démocratie au niveau européen.
Une UE qui ne cesse de s’élargir vers l’Est, aux confins de l’Europe.
Qu’elle « démocratie » possible pour un ensemble de quelques 40 pays ? 500 millions d’Européens et un projet sotto voce des Français et des Allemands pour une Europe fédérale qui centraliserait tous les pouvoirs y compris régaliens, des différents Etats et des citoyens délestés de leur souveraineté au profit de la direction de l’UE ? Un nouvel Empire, dont le centre sera de plus en plus éloigné, de plus en plus inaccessible, de moins en moins contrôlé par les citoyens !
Une UE dont on pressent que le centre de pouvoir se déplacera peut-être vers l’Est.
Peu à peu se dessine une possible nouvelle direction qui pourrait être : l’Ukraine, la Pologne, l’Allemagne. La France, elle, depuis de Gaulle, a toujours été considérée par les Américains comme une alliée peu fiable. L’Allemagne retrouve sa position au centre et son hinterland historique. Ces trois pays sont largement soudés aux Usa pour leur défense et rejettent toute proposition française de longue date, pour une sécurité et une armée européenne.
Faut-il rappeler que les Usa ne sont pas nos amis ? Au contraire, s’ils pouvaient détruire la puissance européenne concurrente ! C’est pourquoi ils poussent l’Ukraine au-delà de tout raisonnement à une guerre fratricide et meurtrière avec la Russie. Une guerre qui divise l’Union européenne. Une guerre que l’Ukraine ne peut gagner sans l’intervention sur le champ de bataille des Européens. Une guerre qui se rapproche dangereusement et dont ne veulent pas les peuples européens !
Une UE du « marché libre ».
Elle nous a montré avec l’exemple de la Grèce la brutalité de ses conceptions libérales théorisées par Reagan et Thatcher dans les années 1970/80, de ce « marché libre » qui rompt toutes les solidarités sociales et qui a vu les « gauches » renoncer au projet socialiste. Les différents gouvernements « techniques » en Italie sont de même nature, sauf que le pays est le 3ème pays fondateur et donc plus difficile à mater.
L’UE « sociale » n’existe pas.
L’UE et son nouvel eldorado à l’Est vers lequel se dirige une très grande partie de la délocalisation de ses industries et de ses emplois. Le différentiel entre les salaires de l’UE à 6 membres, et celui des « Nouveaux européens » aux salaires en moyenne 4/5 fois voire inférieurs, avec la présence d’une main d’œuvre bien formée et des infrastructures correctes, explique cela. Une UE qui pratique – comme le craignait Mendès France – l’alignement sur le « moins coûtant social », c’est-à-dire sur une concurrence du « coût salarial » au niveau le plus bas.
Et comme toujours l’ouverture à une immigration - d’autant plus exploitable si elle est clandestine et qu’elle est contrainte à accepter au départ ces conditions de salaire sans aucune garantie - reste l’une de tactiques la plus usitées par le patronat pour maintenir ou faire baisser les salaires et les prestations sociales de l’ensemble des salariés, malgré les protestations vertueuses du patronat qui veut ce personnel, cette main d’œuvre corvéable a souhait, ce sous prolétariat, pour « les métiers en tension », c’est-à-dire, les moins rémunérés..
C’est la pratique de Macron et son gouvernement en France, qui rogne sur toutes les prestations sociales et récemment sur les allocations chômage pour « doper l’emploi ». En réalité il renvoie les salariés essentiellement vers les « petits boulots » mal payés, à l’heure, à la mode « Uber », à la tâche. A une précarité et pauvreté, organisées par l’Etat comme dans tous les autres Etats européens. Et ce mouvement s’accélérera avec l’arrivée de l’Intelligence artificielle qui va détruire et transformer les emplois d’aujourd’hui, de bureaux, d’industries ou même des services.
Cependant les milliardaires européens deviennent de plus en plus nombreux à s’enrichir.
L’UE « c’est la Paix » ?
Mais l’UE c’est un champ de batailles d’abord sociales et ensuite militaires. Pourquoi en 1990/1993 l’éclatement de la Yougoslavie sous les bombes de l’Otan ? Qui a armé l’Ukraine au lieu de faire vivre les accords de Minsk signés entre la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France en 2014 ? Qui a décidé de l’entrée en guerre – économique et peut-être bientôt militaire – contre la Russie ? Pourquoi l’Otan dirigée par une puissance étrangère, les Usa, préside-t-elle toujours sur notre sécurité quotidienne européenne depuis 1949 ? Pourquoi cette soumission aux seuls intérêts de cette puissance dominante américaine ? Pourquoi une réponse militaire agressive permanente dans les affaires du monde, à l’exclusion de toute diplomatie ? Pourquoi le soutien inconditionnel e la direction de l’UE à Israël qui répond à une attaque cruelle du Hamas par ce qui ressemble de plus en plus à l’extermination des Gazaouis ?
La guerre en Ukraine est une erreur stratégique de Poutine. Elle a été provoquée par la volonté des USA (Biden) « d’affaiblir » ce vaste ensemble géographique au sous-sol très riche en pétrole et en gaz, en productions agricoles, en matières premières, etc. Toutes matières utiles à l’économie et à l’industrie de l’UE. Les USA (Biden et Victoria Nuland présents pour Obama) ont soutenu en 2014 un coup d’Etat à Maïdan contre un gouvernement élu. A remarquer que les forces d’extrême droite ont été à la pointe de cette guerre civile en massacrant dans le Donbass des populations russes et russophones sans que personne y trouve à redire !
La guerre de l’Ukraine est présentée par les « gauches et extrêmes gauches » atlantisées, comme une guerre pour « l’autodétermination du peuple ukrainien à disposer de lui-même ». Soit. Mais alors pourquoi les Ukrainiens ont-ils refusé cette même « autodétermination » aux habitants russes du Donbass qui voulaient obtenir leur autonomie dans un ensemble fédératif ukrainien ? Il y a en Ukraine une population soviétique résiduelle. 8 millions de Russes soit 40% de la population ukrainienne, sur 32 millions d’Ukrainiens dont une partie largement russophone. Mais près de 9 millions d’Ukrainiens ont fui la guerre à destination de l’Europe. Il y a dans tous les pays de l’UE venant de l’ex-Urss, une population résiduelle russe plus ou moins importante. Va-t-elle subir le même sort partout que celui qui lui a été réservé en Ukraine ?
Les Usa ont lancé cette guerre, aujourd’hui ils disent s’en retirer mais ils gardent la main sur le commandement et annoncent 60 milliards qui serviront aux Ukrainiens à acheter… des armes aux Usa ! En tout, depuis 2 ans et en cumulant tout cet argent donné pour la « défense de l’Ukraine » près de 300 milliards officiels au minimum entre les Usa et l’UE ont alimenté la guerre et divers scandales de corruption.
Dès 2021, Ursula Von der Leyen présidente de la commission européenne est entrée en jeu sous la houlette de Biden et des démocrates US, sans mandat donné par les Européens. Elle force l’UE en décidant de son propre chef de proposer l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. L’Ukraine avait déjà inscrit dans sa constitution la volonté d’adhérer… à l’Otan ! Bref, il doit y avoir de puissants intérêts derrière cette solitaire décision.
La Grande Bretagne, plus discrète s’est engagée dès les premiers jours de Maïdan et par la suite elle mettra son armement à la disposition des Ukrainiens. Quid du gazoduc Nord Stream éclaté en Septembre 2022, Quid de la tentative de destruction du pont de Crimée en Octobre 2022, deux évènements militaires dont tout le monde a considéré que les forces Ukrainiennes ne pouvaient le faire à elles seules, sans la technologie maritime ou plutôt maritime appropriée ?
La France, nous dit-on, a voulu discuter avec Poutine, tout en le menaçant et s’appuyant sur les sanctions et mesures de rétorsions prises sur les biens russes présents dans l’UE par la direction européenne. La suite est connue.
La France a rejoint les rangs des va-t’en guerre. Macron annonce qu’il n’avait pas de limites, que tout était « envisageable ». Il s’enorgueillit d’avoir le premier « levé » les unes après les autres les différentes « lignes rouges » qui aurait été imposées par Biden, pour finir par annoncer ces jours-ci qu’il envoyait des « instructeurs militaires » sur le terrain ukrainien ! Les Russes ont déjà signalé qu’ils avaient tué et fait prisonniers des combattants « occidentaux », des « conseillers » les armes à la main. Oui, personne n’est dupe, des soldats européens étaient déjà présents assez rapidement.
Aujourd’hui nous ne sommes plus dans une joute oratoire, dans un gonflement de muscles pour intimider l’autre, mais bien entrés en guerre contre la Russie, aux côtés du Président Zélensky dont le mandat est tombé ces derniers jours de Mai. Selon la loi, il n’est plus Président. Mais il reste en exercice pour conduire son peuple à la mort jusqu’au « dernier soldat ukrainien ». Car il ne veut pas discuter pour ce qui ressemblerait à une reddition. Combien de morts ? Silence.
En tous les cas, il n’a guère de succès avec sa loi martiale de conscription des jeunes à partir de 25 ans. La plupart d’entre eux est contre et ceux qui l’ont pu se sont échappés.
Zélensky est un absolutiste soutenu par la fraction d’extrême droite intégrée dans son armée et dans son gouvernement qui prend des mesures brutales contre l’opposition croissante des travailleurs et des jeunes ukrainiens envoyés à la guerre.
Un sondage réalisé par un institut ukrainien à Kiev, montrait que 70% des jeunes consultés étaient contre leur engagement. C’est un vrai problème non seulement politique mais aussi moral. La guerre dévore les soldats. Il en faut toujours plus. Mais les troupes engagées depuis 2021 ne se renouvellent pas. C’est alors que se pose le problème « d’offrir » des soldats européens pour « remplacer » une population de jeunes ukrainiens qui ne veut pas « y aller » ! Même si nous pouvons le comprendre, les Européens doivent-ils « y aller » dans ces conditions ?
Faire la guerre à la Russie, qui ne nous a pas déclaré la guerre, sous le prétexte fallacieux qu’elle est « une menace existentielle » pour l’UE ? UE qui continue à lui acheter une partie de sa production de gaz ?
Zelensky serait-il sous la coupe de cette importante composante d'extrême droite qui ne cesse de glorifier son passé nazi, en omettant par contre la « shoah par balles » en 1941 et sa complicité dans l’assassinat de la totalité de la population juive ukrainienne, pour refuser tout projet de cessation des combats ? Une revanche pour cette fraction nazie, sur l'histoire de leur défaite en 1945, face à l'Urss ?
Quand avons-nous été consultés, en France ou dans les autres pays de l’UE ?
Nous sommes donc entrés en guerre. L’UE c’est la guerre !
Non cette Union Européenne n’est vraiment pas la nôtre.
Non à la Guerre
Comme en 1914, la raison a été emportée par une vague d’intérêts divers et la haine. Nous sommes au bord d’une extinction possible d’une partie de l’Europe. Car à la différence de 1914, c’est l’arme nucléaire qui pourrait conclure cette guerre. Poutine menace si les intérêts vitaux de la Russie sont attaqués !
L’UE peut-elle donc être réformée ? Jamais dans ce contexte d’une globalisation capitaliste agressive.
Alors que faire ? Il nous reste à dire NON à la guerre en Ukraine. Non la guerre d’extermination contre les gazaouis en Palestine. Comme à toutes les guerres à venir et leur cortège de terreurs et de destructions.
La Paix est essentielle pour prendre le temps de redéfinir une autre Europe, « notre Europe ». Un 21ème siècle de paix, hélas déjà bien blessé ce premier quart de siècle, une paix indispensable pour résoudre les problèmes de notre temps ! Tout est à repenser, à refonder sur la critique des expériences du passé, y compris celle d’un certain socialisme révolutionnaire mort en janvier 1924.
Boycott ou Abstention ?
1er Juin 2024