Au cours des décennies précédentes, une grande partie des pays de l'Amérique Latine (Pérou, Argentine, Mexique etc.), certains pays d'Afrique comme par exemple le Maroc, certains pays d'Asie, « maillons faibles » ou non (le Japon) de la mondialisation capitaliste, tombent en faillite les uns après les autres et ne se voient généralement proposer comme solutions que celles mises en place par un FMI adepte d'une « maîtrise rigoureuse des dépenses de l'Etat » (c'est à dire la diminution drastique du nombre de fonctionnaires, la privatisation des services publics, la baisse des salaires et par contre des remises fiscales pour les entreprises et les détenteurs de capitaux...). Ces mesures n'ont servi qu'à appauvrir les populations et même dans certains cas à les affamer. L'Europe compatissait et se disait cela ne nous arrivera jamais. Cela frappe aujourd'hui l'Europe et plusieurs pays risquent de plonger comme la Grèce, par un effet domino, si les grandes institutions financières (Fonds souverains, Fonds de pension, Banques, Assurances etc.) qui font la loi sur les « marchés » et qui sont à la source de la plus grande crise systémique depuis 1945 et sans aucun doute de celles qui vont s'en suivre, spéculent cette fois ci contre les Etats eux-mêmes alors que ces derniers leur ont sauvé la mise en s'obligeant à les renflouer pour éviter la "grande catastrophe" qui est de toute façon toujours à craindre et qui est certainement en marche.
Le destin de l'Europe ?
Ce qui se passe en Grèce explique ce qu'est devenue l''Europe, comment elle est passée d'un « rêve » de collaboration, de paix et d'échanges entre des peuples voisins et qui guerroyaient férocement dans le passé, à la mise en place d'un marché hautement spéculatif, sans régulation, si ce n'est « la main invisible du marché », tellement invisible qu'elle n'a aucune existence et dont le slogan pourrait être "s'enrichir sans contraintes".
L'Europe s'est crue protégée de la crise des subprimes parce qu'elle avait agi rapidement pour renflouer les banques qui s'étaient exposées à ces risques pour éviter la faillite du système. Or la crise grecque - qui est en fait celle du système globalisé - révèle une fois de plus que la construction européenne actuelle n'est pas viable tant qu'elle se laisse conduire par les décisions de la Commission de Bruxelles qui se font à l'encontre des intérêts des populations européennes.
L'Europe est malade du libéralisme en ce qu'elle a voulu favoriser et développer l'expansion du capital spéculatif au détriment de l'investissement productif et des acquis sociaux. L'Europe a absorbé sans questions les concepts défendus en son temps par Margareth Thatcher et son ami Ronald Reagan. Ils sont au cœur des accords de Maastricht (1992).
Les « critères de convergence » : une inflation qui ne doit pas excéder plus de 1,5%, (celle des trois pays où elle était la plus faible à cette période) ; des déficits budgétaires inférieurs à 3% du PIB; des taux d'intérêts à long terme inférieur à 2% (ceux de ces mêmes pays) et aucune dévaluation dans les deux années précédant l'intégration à l'Union monétaire, sont responsables de ce qui se passe en Grèce et plus largement en Europe. La barre était mise très haut à un niveau difficile pour des pays qui n'ont pas la même structure économique pour des raisons spécifiques et historiques que l'Allemagne, qui a été totalement réticente à la demande d'adhésion des pays « du Sud » de l'Europe.
L'Europe, cependant, pouvait juger facilement combien cette politique menait à l'impasse. Il lui suffisait pour cela de suivre l'évolution désastreuse de la Grande Bretagne dont une grande partie de sa population est touchée par la misère et ce depuis plus de 30 ans et qui vit une récession sans précédent. Qu'est devenue la Grande Bretagne ? Elle a fait table rase de son agriculture et de son industrie ne survivant que grâce au pétrole de la mer du Nord - en voie d'assèchement - et à la Finance/Assurance, cette Finance/Assurance, devenue le modèle d'une tertiarisation excessive qui a déséquilibré son économie et qui est à l'origine de son déclin, si bien qu'elle risque de se retrouver rapidement dans la position de la Grèce.
La crise politique ouverte par les élections qui viennent d'avoir lieu en Grande Bretagne et qui font des Libéraux les arbitres de la mise en place du nouveau gouvernement car ni les Conservateurs ni les Travaillistes n'ont eu la majorité absolue (leurs programmes se différenciaient-ils vraiment ?), on peut malheureusement parier qu'elle va se développer dans les mois qui suivent et frapper encore plus ce peuple.
On peut penser à juste titre qu'un jour ou l'autre, cette Europe là va éclater de sa plus belle mort pour un ensemble de raisons économiques et sociales liées à "la mondialisation" mais d'abord pour un ensemble de raisons essentiellement politiques. Non seulement il n'y a pas de peuple européen, au nom duquel elle ne cesse néanmoins de se revendiquer malgré les énormes scores d'abstention quasiment partout (ne confondrait-elle pas les peuples tout simplement avec les dirigeants des multinationales et des « marchés » ?), mais se positionnant « au-dessus des Etats et des peuples », elle rejette la voix des citoyens lorsqu'exceptionnellement il leur est demandé de s'exprimer sur les grands principes qu'elle veut mettre en place pour mieux assoir son pouvoir exclusif. Le vote des Français et des Néerlandais refusant le projet de Constitution européenne ou l'épisode vraiment incroyable de l'Irlande obligée de revoter avec une forte incitation pour le oui, sous la menace de sanctions alors que les Irlandais s'étaient prononcés pour le non, ont marqué les consciences. On voit bien aussi qu'elle refuse de protéger son agriculture et son industrie face à la libre concurrence prônée par l'OMC (dirigé par un « socialiste » français, P. Lamy) ou de taxer les mouvements de capitaux spéculatifs ou encore de mettre des droits de douane sur les produits de "dumping social" importés en provenance pour la plupart d'usines européennes et étasuniennes délocalisées ou enfin de laisser courir une inflation modérée et contrôlée qui permettrait une hausse des salaires.
Alors L'Europe est-elle en déclin ? Une Europe incapable de se projeter vers l'avenir qui désespère sa population et sa jeunesse ? Oui. L'une des preuves en est dans les résultats électoraux obtenus par les droites extrêmes ou "populistes" qui s'installent et consolident leur influence dans les différents paysages politiques européens : Italie, Hongrie, Belgique, France, Autriche, Pays Bas, etc., et dans la médiocrité des propositions de la social démocratie qui évite de poser les questions fondamentales pour ne pas y répondre car, elle a décidé de participer à la fondation de cette Europe des « marchés ».
La « question Allemande »
Il apparait de plus en plus que l'Europe se trouve d'une certaine manière placée sous tutelle allemande. Certes la Grèce n'est pas un modèle de vertu comme l'Allemagne par exemple, la corruption des élites politiques grecques est réelle. L'Allemagne qui se prétend la plus vertueuse. L'Allemagne qui gère l'Euro comme si c'était le DM, car elle n'a toujours pas digéré la disparition de ce dernier qui était la monnaie la plus « forte » et la plus stable des monnaies européennes. Comme elle ne dit pas qu'elle doit sa prospérité à sa politique d'exportations (première exportatrice du monde en 2008/09, devant la Chine) et qu'elle feint d'oublier que ses exportations se font à hauteur de 65 % directement avec les autres pays européens, comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal etc. et qu'en favorisant un "euro fort" elle gagne à un commerce très rémunérateur pour ses recettes. Elle fait payer sa croissance à ces pays au prix fort d'un Euro surévalué. Elle ne dit pas non plus que la stratégie de réduction des coûts mis en place depuis Schröder avait pour objectif, en favorisant les exportations, de réduire les parts de marché des autres pays européens concurrents. Tergiverser pour venir aider la Grèce en jouant les moralistes était pour le moins spécieux. Elle a montré que la solidarité des Allemands s'arrête là ou commence leurs intérêts.
La chancelière vient de payer chèrement sa vertu avec le résultat des élections du Land de Rhénanie Westphalie, le plus riche et le plus peuplé. Les Allemands, qui il est vrai subissent depuis une dizaine d'années une réduction de leur niveau de vie, de leurs salaires et de leurs acquis sociaux (l'allongement de l'âge de départ à la retraite à 67 ans), avaient quelques raisons de grogner. Ils viennent de voter non pas par adhésion pour la « gauche » (qui est à l'origine de ces mesures) mais surtout pour manifester leur opposition à la politique d'austérité du pays et qu'ils ont du mal à admettre le fait qu'ils doivent payer pour le laxisme des élites grecques.
En trainant les pieds ainsi, l'Allemagne a laissé le temps à la spéculation de s'organiser, spéculation sur la capacité ou non de l'Europe à aider la Grèce. Du coup toute l'Europe du Sud semble être devenue aussi suspecte que la Grèce.
La « responsabilité Etasunienne »
Oui, la responsabilité des Etats-Unis dans toutes ces crises est énorme. La question essentielle à la quelle se trouve confrontée le monde occidental et au-delà, reste celle du déficit abyssal des Etats Unis. Plutôt que de prendre des mesures fermes d'assainissement de leur économie et de leur mode de vie y compris propres à réduire l'écart profondément révoltant entre riches et pauvres et d'en terminer avec la politique de la canonnière, ils pensent avoir trouvé la solution en pompant littéralement l'économie chinoise. Ils ont donné du travail aux Chinois, 60% des entreprises chinoises qui y produisent sont des entreprises américaines qui ont délocalisées leur production (provoquant un taux de chômage rarement atteint aux Usa). Ils estiment normal, en contre partie, de profiter des réserves chinoises en dollar pour continuer à doper la croissance nord-américaine.
Obama lui-même a confirmé cette stratégie. Ce même Obama a téléphoné à Sarkozy et à Merkel pour les pousser à un accord de prise en compte de la dette grecque. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il sait que si l'euro dévisse, c'est le dollar qui ensuite sera attaqué par les « marchés ». La balle est dans le camp des Chinois mais ils se veulent les premiers capitalistes de ce monde. Toutefois qui sait comment ils réagiraient devant une forte dépréciation du dollar auquel ils sont rivés et qui aurait pour conséquence de porter la récession chez eux en mettant leur politique de développement basée sur l'exportation en danger.
Quelles solutions pour la Grèce ?
Les prêts de l'Europe et du FMI (dirigé par un « socialiste » français « D.S.K » et candidat supposé à la prochaine élection présidentielle) vont peser durablement sur le peuple grec (et les autres peuples européens) et maintenir le pays dans une crise dont il aura du mal à sortir avant de nombreuses années, d'autant qu'ils sont assortis de conditions de remboursement cyniques. Voilà un pays à genoux à qui l'on demande d'acquitter sa dette en 3 ans à un taux d'intérêt à 5% alors que les prêteurs emprunteront cet argent eux-mêmes, (sur les « marchés ») à 3% ! Un différentiel de 2% sur le dos des grecs dans la poche des « amis européens », taux auquel s'ajoute celui du FMI à 8% !
Pour « expliquer la crise » et commencer à mettre dans la tête des autres peuples européens qu'il faut accepter les « mesures de rigueur » qui vont suivre immanquablement pour toute la zone européenne (voir ce qui se passe au Portugal, en Espagne et même en France), les medias pointent les responsables : « les fonctionnaires grecs qui touchent 14 mois de salaires et de retraites» et qui vont voir leurs salaires et leurs pensions amputés de 2 mois, avec en plus une baisse de 7% des pensions versées. Sait-on que le revenu minimum en Grèce est passé de 770 euros à 662 euros mensuels et que le salaire moyen (dont la signification est toute relative) est de plus ou moins 15700 euros annuels ?
(La même culpabilisation désigne les retraités français, au moment ou commence la « discussion sur les retraites », voir l'article du Monde édition du 9 mai 2010 présentant le programme de Terra Nova qui se veut « inspirer » le P.S français : « les retraités vivent mieux que les actifs » ! La majorité des retraités et dont une grande partie se voit volontiers aider ceux qui de leur famille qui sont au chômage ou une minorité, comme celle des « parachutes dorés » ? Cela n'est pas vraiment abordé, bien entendu.)
Par contre, motus sur l'évasion massive des capitaux et sur ces « émigrés fiscaux », ces riches armateurs grecs, par exemple, qui ont leur résidence fiscale pour la plupart en Grande Bretagne, l'un des plus grand paradis fiscaux, ou aux Etats-Unis.
L' « émigration fiscale » est devenue le sport le plus couru parmi les riches européens. Ces mêmes riches qui ont peut-être participé à cette crise en spéculant à la baisse sur la dette grecque pour forcer l'Europe à venir alimenter « les marchés » en liquidités et la revendre quand les cours reprennent grâce à cet apport de capitaux. C'est ce qui vient de se passer.
D'autres propositions se font entendre. Il y a celle de F. Lordon (Le Monde diplomatique de mai 2010) qui propose comme remède de "nationaliser les dettes" en s'appuyant sur l'exemple du Japon dont la dette serait détenue par les Japonais eux-mêmes. Cet exemple est étonnant alors que l'auteur signale lui-même que la dette japonaise va atteindre les 210 % du PIB pour cette année, soit presque deux fois celle de la Grèce !
Le Japon connait une grave récession depuis la crise de son système financier et bancaire en 1992, dont il n'arrive pas à se redresser. Dire que la dette de l'Etat japonais est détenue par les Japonais cela veut dire que les Japonais ont souscrit les emprunts proposés par leur Etat, emprunts dont le remboursement avec un tel déficit est renvoyé « aux calendes grecques ». Les Japonais détiennent donc du papier qui ne vaut rien. Ils se sont appauvris d'autant plus que ce pays pratique depuis plusieurs années une déflation importante, déflation qui pèse sur les salaires et le niveau de vie général et qui a fait voler en éclats le contrat social passé avec la population comme celui de "l'emploi à vie". Certes, les Japonais détiennent leurs dettes mais en contre partie il y a un nombre important de chômeurs et de retraités qui dorment dans les rues des villes, du jamais vu dans ce pays. Enfin proposer de "nationaliser"' les dettes sans nationaliser le secteur bancaire et financier et contrôler le crédit et les mouvements de capitaux, ce n'est vraiment pas la bonne façon de résoudre le problème.
Il y a ceux qui veulent imposer une « gouvernance économique » en Europe, soit encore plus d'Europe, malgré ses échecs successifs et son déni démocratique. Se sont-ils poser les bonnes questions : Qui serait à la tête de cette « gouvernance », l'Allemagne dont on a vu le peu d'empressement à aider la Grèce ? Que recouvrerait cette « gouvernance » ? Comment fonctionnerait-elle ? Sur quels critères ? Sur quels programmes ? Ce sont les mêmes qui ont décidé qu'il fallait forcer la marche vers la monnaie unique, qui se sont lancés dans une politique strictement monétaire reposant sur la lutte contre l'inflation (l'inflation produite par la hausse des salaires, bien sur) qui a pris le pas sur le développement économique et les emplois.
Ces mêmes qui maintenant en appellent à la construction d'un FME, un Fonds monétaire européen qu'ils voudraient doter de près de 750 milliards d'euros pour garantir les éventuelles faillites d'Etats de la zone euro. Cela mérite réflexion. Lorsque le FMI a été créé à la suite de la deuxième guerre mondiale, il fallait reconstruire l'Europe qui avait besoin d'énormes investissements. L'option prosoviétique ayant été combattue et défaite en Europe de l'Ouest, il n'y avait que la puissance américaine, avec son appareil productif et sa force de travail intacts à avoir les moyens de ce financement. La monnaie « unique » le dollar s'est imposé à tous. Le consensus social s'est fait autour de l' « Etat providence » qui s'est levé peu à peu des ruines européennes. Quels seraient les fondements de ce Fonds monétaire européen ? Serait-il créé pour « rassurer » les marchés ou leur donner encore plus de pouvoir ? Ce projet est pour le moins irréfléchi surtout dans le contexte libéral actuel.
Quelles autres mesures ?
L'actionnaire, le rentier, sont devenus le cœur du système. Toutes les mesures prises jusque là visent à satisfaire leur cupidité. Les « marchés » ont compris, une fois de plus, qu'avec cette crise, ils pouvaient faire et défaire la puissance économique de cette chose indéterminée qu'est l'Europe qui a du mal à jouer la solidarité affichée dans les traités, comme ils ont compris que les mesures gentillettes qui devaient leur être imposées sont « du pipeau ». Vous aurez remarqué en fait, qu'il ne s'agit plus de réguler ni de réglementer mais de « rassurer les marchés » !
Quelques mesures techniques et politiques devraient suffire à rétablir des règles propres à relancer les économies sur les chemins du développement et de la croissance, une croissance respectueuse de l'environnement, sans oublier de favoriser le développement des pays du Sud qui sont encore dans le dénuement social et économique le plus total :
Supprimer ou réformer les agences de notations
Elles ne sont que 3 agences à se partager 94% du marché mondial. Elles sont devenues suspectes car elles sont rémunérées par les emprunteurs qui veulent avoir accès aux « marchés ». Fermons-les, il y a assez d'experts dans chaque pays qui pourraient être assermentés dans des organismes qui dépendraient des Etats.
Geler les avoirs « expatriés »
Tous ces « bons citoyens », hommes de médias, de culture, d'industries, de multinationales, qui font la morale aux autres mais qui profitent de leurs réseaux pour se trouver une résidence fiscale dans les paradis fiscaux devraient subir un gel de leur avoirs tant qu'ils ne les rapatrient pas dans leur nation.
Supprimer les paradis fiscaux
Une liste a été établie - mais elle n'a été suivie d'aucune mise en demeure - et dont certains pays se trouvent en Europe même : le Luxembourg, la Grande Bretagne, la Suisse, etc., sans oublier certains des pays de l'Est pratiquant le « dumping fiscal ». Menaçons ces Etats de rétorsions économiques s'ils refusent de communiquer les informations nécessaires à rétablir la justice fiscale.
Remettre en place une fiscalité progressive en fonction des revenus et supprimer tous les « boucliers fiscaux » qu'ils se nomment ainsi ou non.
Nationaliser le secteur bancaire et financier
Avec mise en place d'un contrôle sur les mouvements de capitaux et sur le crédit, contrôle relayé et assuré par les salariés disposant de nouveaux droits (droit de veto par exemple dans les CE), seule solution acceptable pour un retour aux financements « sains » de l'économie.
Les "dérives" de grands établissements bancaires et financiers américains accordant des crédits hypothécaires à des taux variables à des particuliers ne pouvant les rembourser puis les rassemblant en "package"' (la titrisation) cachant ainsi des créances dont ils savaient qu'elles seraient irrécupérables, packages vendus à d'autres établissements qui n'en vérifiaient ni la teneur ni la solvabilité de ces crédits car ils avaient la faveur des agences de notations. Le résultat est connu de tout le monde, une crise systémique d'une ampleur rarement égalée et 6 millions d'américains du Nord qui ont perdu leur logement. Peu de banques on été sanctionnées, toutes ont bénéficié des mânes reçues des Etats. Mais cet argent est le produit de l'impôt supporté par les « agents économiques » du pays, les citoyens en tête. Il est donc juste que ces établissements soient la propriété de tous.
D'autre part comment les Etats en effet peuvent-ils disposer de marge de manœuvre pour garantir leur indépendance de choix politiques et économiques avec des établissements, ceux du CAC 40 pour la France, qui sont possédés à hauteur de 49% par des fonds de pension anglo-saxons ou des capitaux internationaux et qui pratiquent l'évasion des capitaux vers les paradis fiscaux ?
Revoir la question de la monnaie unique
Pourquoi, par exemple, la Grèce ne se retirerait-elle pas de l'Euro le temps de restructurer sa dette, de retrouver la croissance et y revenir ensuite si elle le souhaite ? Pourquoi ne pourrait-on revoir ce qu'est l'Euro ? Pourquoi ne pas revenir à un système comme celui du "serpent monétaire" et de l'Ecu qui avait été mis en place entre 1972 et 1978 ? Les différentes monnaies européennes qui le constituaient pouvaient flotter entre un plancher et un plafond définis. Chaque monnaie pouvait donc s'apprécier ou se déprécier en fonction des particularités de son économie, dans ce cadre, par rapport aux autres monnaies, le taux de change étant fixe, un pays pouvait donc dévaluer, s'il le fallait, l'Ecu étant la monnaie des échanges internationaux
Revenir à l'Etat Nation souverain est une étape de transition à laquelle nous ne devons pas renoncer. Certes globalement l'Etat défend les intérêts de la classe possédante mais, à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, l'Etat « providence » en France en s'appuyant sur le programme du Conseil National de la Résistance avait inscrit dans sa constitution la redistribution des richesses et la protection des plus faibles. Bien sûr qu'il restait à lutter pour de nouveaux pouvoirs pour les citoyens afin qu'ils puissent gérer les fruits de leur travail et la société.
Cette volonté politique a fait place peu à peu à la volonté de libéraliser les règles et les rapports entre l'Etat et les citoyens, ayant pour résultat l'abandon d'une partie de plus en plus importante de ses fonctions régaliennes sous le rouleau compresseur de la "mondialisation" ou de la "globalisation" conduites par les "marchés", c'est-à-dire céder à la logique de la rentabilité immédiate du court terme et à la marchandisation de tous les aspects de la vie. L'effondrement du monde du "socialisme réel" à l'Est et des idéaux de la révolution de 1917 qui ont été entachés par l'impasse criminelle de l'expérience de la dictature stalinienne a laissé le capital sans adversaires réels. Certes il y a eu la naissance du mouvement alter mondialiste très hétérogène, mais comme il se voulait « alter » et confusément en recherche d'une solution médiane entre le capitalisme et le socialisme, cette « troisième voie » introuvable (et s'inscrivant de fait dans la mondialisation comme par exemple avec le "no border"', le « pas de frontières » devenu un principe inaltérable), il a voué la Nation et l'Etat social aux gémonies.
Il faut reprendre la question de la République sociale et développer celle de l'Autogestion. Et dans ce cadre politique renouvelé, la Nation peut se réapproprier les banques, les établissements financiers et les moyens de son développement présent et futur.
Cet Etat (ce peuple) pourra alors s'entendre avec d'autres Etats (peuples) soucieux du développement de leur pays dans les mêmes termes, pour imposer des règles fiscales, des règles sur le fonctionnement des "marchés" ou sur tout autre moyen permettant des échanges commerciaux, faciles mais régulés; forcer les paradis fiscaux à fermer boutique et supprimer les agences de notations qui ne sont en fait que des extensions des "marchés".
Enfin pour sortir l'Europe et la France du marasme économique et industriel, il faut absolument retrouver de la croissance qui permette de créer des emplois, de financer des projets industriels, de renforcer et réorienter les budgets vers l'éducation, la recherche, la santé, etc. et la solidarité internationale.
Les solutions ne manquent pas, encore faut-il que les citoyens s'en emparent et les imposent.