Sanctionné, Sarkozy part en guerre...

Devenu minoritaire à la première consultation électorale qui a suivi le vote qui l'a porté au pouvoir, Nicolas Sarkozy ne peut que tourner la tête et refuser la réalité sociale et politique du pays qu'il veut mettre au pas d'une politique au service des riches. Neuf mois après la présidentielle, beaucoup ont compris qu'ils n'avaient rien à faire avec le maire de Neuilly, la commune phare des fortunes, et des bourgeois les plus rancis, et ils se sont ressaisis. La défaite électorale de la droite aux municipales est des plus claires : 38,34 % d'abstentions ; 49,5 % pour la gauche et 47,5 % pour la droite.

Pourtant ces chiffres ne donnent pas toute la réalité politique de cette défaite. Que la gauche ne retrouve pas tous ses électeurs c'est normal, car personne n'a encore oublié que c'est elle-même qui a choisi sa défaite, faute d'une politique claire et nettement à gauche, à laquelle elle a renoncé depuis 1983. Politique, dont elle n'a pas tiré la conclusion qu'il fallait qu'elle change et qu'elle s'oriente ouvertement et radicalement à gauche. Sa « victoire » est de même nature que celle de Sarkozy lors de son élection à la présidence, « par défaut » ; l'ennemi de classe s'est déconsidéré lui-même devant la majorité du pays, qui n'en finit pas de souffrir des maux que lui impose un patronat avide d'argent rapide, de coups de bourse, de spéculations immobilières et de démantèlement vains de l'outil de production selon les règles exigées par le capital financier. C'est-à-dire une politique qui ne représente en rien les besoins réels des citoyens, qui ne retrouvent plus leurs repères dans une vie quotidienne désordonnée, brutale, culturellement de plus en plus appauvrie, sauvage même pour les plus affaiblis.

L'abstentionnisme a joué un rôle fatal à Sarkozy. Tout à fait significatif du très rapide désenchantement du vote de ses électeurs découvrant un « président bling-bling », aventurier parfaitement réactionnaire dont le slogan « travailler plus pour gagner plus » n'était qu'un appel au démantèlement brutal des conditions de travail. Naturellement incapable de fournir un emploi aux chômeurs, au contraire, puisque la demande offerte s'adressait en priorité à ceux qui ont du travail. Les abstentions ont été singulièrement plus élevées dans les villes de populations modestes.

Au final le résultat parle : le Parti socialiste se retrouve à la tête des 7 plus grandes villes sur 10 et 14 sur les 20 du pays. Marseille a échappé de justesse au même sort, dans les « conditions habituelles » des campagnes électorales de certaines villes. En revanche, dans cette ville la majorité de droite ne dispose plus que de 51 élus et l'opposition de 49... La gauche gagne 7 villes de plus de 100 000 habitants. La droite en perd 10. La gauche gagne 12 villes de plus de 50 000 h. ; la droite en perd 7. La gauche gagne 16 villes de plus de 30 000 h. ; la droite en perd 19. La gauche gagne 24 villes de plus de 15 000 h. ; la droite en perd 38. On ne peut mieux dire que, quoi qu'il en soit, l'électorat populaire n'a pas oublié de s'exprimer.

Un journaliste éminent déclare...

À la gauche qui demande un changement d'orientation, la droite déclare qu'il n'en est pas question : « tout s'est décidé lors de l'élection présidentielle », les élections communales ne concernent que les communes. Si la majorité change à cette occasion il n'y a aucune raison d'en faire cas. Sans doute que les citoyens ont des cases particulières sur le plan politique. Les cerveaux sont ainsi faits qu'au printemps 2007 ils votent à droite et au printemps suivant ils votent à gauche... L'expérience n'y est pour rien. D'ailleurs on retrouve ce type de raisonnement dans un journal « sérieux » : « En réalité, les Français ne demandent pas à Nicolas Sarkozy de changer. Ils lui demandent au contraire d'être ce qu'il avait dit qu'il serait : un président actif, arc-bouté sur son programme de réformes. (NB) Soyons clairs : ils ne veulent surtout pas qu'il s'efface. Ils exigent qu'il s'élève. Et que cette hauteur lui permette d'accomplir la tâche qu'il s'est fixée... » (modestement signé E. F., néanmoins directeur du Monde).

De fait, on aurait tendance à penser qu'il doive s'élever au-dessus des Ray bans et des grosses Rolex mais aussi des combinazione que ce soit pour son logement à Neuilly ou le dépôt tardif de son inscription électorale dans le VIIIe arrondissement. de Paris, après la fin de l'année calendaire... Nous savions aussi de quel côté la « grande » presse se situe mais, il est assez consternant qu'elle prenne les électeurs pour des « brèmes » au point qu'ils votent « contre » pour obtenir que Sarkozy fasse ce qu'il veut !

Il nous revient, maintenant, qu'un rapport officiel, encore confidentiel, de trois économistes recommande de remettre en cause les règles d'indexation du salaire minimum. Les critiques fusent, insupportable le SMIC « couvre en France une proportion de salariés plus importante que dans les autres pays de l'OCDE ». Le dit rapport déplore qu'il soit « fixé par voie légale, de manière uniforme,... Le salaire minimum n'est pas un instrument efficace de lutte contre les inégalités. » « L'idée selon laquelle le salaire minimum réduit les inégalités à un coût moindre pour la société que des politiques fiscales distributives (qui prélèvent des impôts et versent des prestations sociales) est erronée. En réalité, la politique du salaire minimum légal uniforme et élevé comprime la distribution des salaires et contribue à réduire le dialogue social, sans grande efficacité pour lutter contre la pauvreté. » Il est évident qu'un tel rapport va encore élever la pensée du Président.

Par ailleurs, une autre façon de « s'élever », pour Sarkozy, serait-elle de renier la politique internationale qu'il a soutenue pendant cinq ans dans le gouvernement de Jacques Chirac ? Une politique qui, pour le moins, a épargné que la France soit piégée en Irak. Qu'elle évite une agression sauvage, impérialiste à visée stratégique, militaire et énergétique contre le peuple irakien qui sortait de longues années d'embargo économique et alimentaire. Alors que depuis son entrée en fonction présidentielle Sarkozy n'a de cesse de défaire ce que « l'héritage » gaulliste avait permis, s'éloigner de la politique d'agression américaine. Le retour dans l'Otan est une véritable trahison, une reconnaissance féodale envers son suzerain. Un alignement sur la politique guerrière des Bush et de leurs fidèles qui veillent à maintenir leur hégémonie, mise en danger par la montée de la Chine,  de la Russie, de l'Amérique latine,  de l'Iran et du monde arabe.

Le premier, il se prononce pour une immixtion armée au Darfour. Il est de ces impérialistes qui trouvent toujours un ou des prétextes divers et variés pour s'introduire chez les voisins. Voisins, qui appartiennent à la communauté internationale, à la souveraineté reconnue mais qui connaissent des problèmes avec certaines populations qui, par hasard, sont sollicitées par des intérêts étrangers qui ont pris connaissance de l'existence de grosses réserves pétrolières dans leur province. C'est le cas. Le Soudan s'étend sur une vaste contrée. Les populations ne sont pas toutes identiques, etc. À peine Bernard Kouchner a-t-il changé de camp, quittant le PS pour l'homme au pouvoir qui lui propose le poste de ministre des Affaires étrangères, qu'il affirme son américanisme, se prononce pour une intervention au Darfour, provoque le Soudan et en rajoute contre l'Iran et ses 70 millions d'habitants.

Qu'est ce que ce président aventurier défendu par l'analyse superficielle et propagandiste d'un rédacteur en chef ? Un danger permanent pour la France et une menace de classe hargneuse contre les travailleurs, contre leurs conditions sociales qu'il veut abaisser.

Quand le pouvoir sarkoziste parle de 6 ou 7 milliards d'économies c'est elles qui sont visées. Quand il annonce le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux départs, c'est le recul de l'État et de ses fonctions sociales qui a lieu. Quand il déclare son intention de s'attaquer aux dépenses d'intervention, qui va penser et gager que les économies qui auront lieu amélioreront la qualité du niveau de vie ?

Nicolas Sarkozy est en réalité le complice des grosses fortunes et le sabordeur du niveau de vie des salariés.

La gauche, toute la gauche, après les municipales est en condition de remonter le courant. À condition de définir un programme tranchant en faveur de ses électeurs qui sont la force vive du pays. Ce n'est pas en confondant banques, directeurs des grosses entreprises et du commerce, Leclerc et l'épicier du coin, le mécano et le grand patron, les cheminots et les spéculateurs, que la gauche revitalisera l'activité politique économique et sociale du pays. Ce n'est pas en fermant toujours les yeux sur la montée des crises internationales que la gauche préservera la paix au lieu de se dresser contre toute politique impérialiste. N'est-ce pas à sa manière que l'Europe est à la fois impérialiste et complice des USA, quand elle impose une Constitution qui refuse le jugement des urnes et ne se rend pas à la merci des citoyens de chaque État. La démocratie de chaque nation est niée par l'Union européenne. Après Lisbonne, on ne peut plus dire que les assemblées nationales ou les parlements sont majeurs, puisque l'UE dispose d'un accord dit « constitutionnel » qui barre le chemin à n'importe quel choix national au profit de toute décision « européenne ». Ladite Constitution européenne est suprême et a le pas sur toute constitution nationale. Accepter cette loi fait de nous des irresponsables si nous n'y mettons pas bon ordre.

Nous ne pouvons pas non plus accepter ce qui vient d'avoir lieu à l'Assemblée nationale, où a été refusée par la majorité - qui vient d'être défaite par les élections municipales - la demande par le PS, d'un vote public afin que chaque député de la République vote, ou non, la décision d'envoyer des soldats en Afghanistan, selon la volonté de Nicolas Sarkozy.

C'est à nous de lui rappeler ce qu'il en est. Sa réussite lors de la présidentielle de 2007, a tenu essentiellement sur l'incapacité du Parti socialiste à présenter un programme de rupture anticapitaliste et de transition au socialisme. Évidemment ce n'était pas une découverte. Depuis 1983, seule la conjoncture a pu modifier les discours mais jamais l'orientation contraire à toute démarche démocratique, républicaine et socialiste n'a été mise en cause.

Ce n'est pas la conjoncture économique ; la montée de l'inflation internationale ; la lutte pour le contrôle des matières premières; la montée des prix des productions agricoles et la crise financière ; qui vont détendre l'ensemble des conflits internationaux.

Il devient de plus en plus nécessaire que le cours politique social-libéral du parti socialiste soit rompu. Cela revient avant tout à l'aile du PS  la plus sensible à la situation sociale dégradée et la plus attentive à une politique démocratique véritable de s'organiser ouvertement comme alternative à la direction sociale-libérale. La rupture interne mais publique, doit s'afficher pour éviter une totale dégradation du parti majoritaire à gauche, si peu à gauche. Il en va de l'intérêt national et international. La gauche anti-libérale hors du PS serait la première à s'en réjouir et à travailler à l'union des socialistes véritables.